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Cette campagne 2024, l’expérimentation concernant la fertilisation azotée des betteraves, réalisée sur la ferme d’Étrépagny, prend une autre dimension. Elle va au-delà du traditionnel périmètre de l’optimisation de la nutrition des plantes.
« Ainsi, un nouvel essai d’apport d’azote minéral combine deux objectifs majeurs pour la filière betteravière, explique Clément Bunias, responsable de la ferme d’Étrépagny. Le premier concerne la maîtrise des pucerons. Le second cherche à décarboner la culture. » Cet essai s’inscrit dans la continuité de celui réalisé cet automne ; il s'agissait de comparer la restitution des éléments minéraux des mélanges de couverts végétaux.

Lien fertilisation et pucerons évalué dans le cadre du PNRI-C

Le premier thème de ces nouveaux essais évalue les liens entre nutrition des plantes et les attaques de pucerons. Il s’inscrit dans le cadre du PNRI-C, lequel succède au PNRI.
« Nous souhaitons mesurer la relation entre la concentration de l’azote contenu dans les feuilles de betteraves et la pression des pucerons », précise Clément Bunias.

En effet, un lien étroit existe entre l’état nutritionnel de la plante et sa sensibilité aux bioagresseurs. Autrement dit, lorsqu’une plante comporte une sève riche en sucres complexes et en protéines, celle-ci s’avère être en meilleure santé et moins sensible aux attaques de ravageurs. Ce phénomène s’explique par l’incapacité des insectes piqueurs suceurs à digérer des sèves riches en sucre. L’excès de sucre provoque une fermentation alcoolique dans leur système digestif, ce qui est toxique pour certains insectes.

Ainsi, la gestion de la fertilisation azotée constitue un axe de recherche pour favoriser des conditions de nutrition optimales pour que la plante puisse produire des sèves aux propriétés différentes.

Essai mené avec un engrais décarboné

Dans l’essai mis en place sur la ferme d’Étrépagny, les apports d’azote proviennent de deux sources : celle des couverts végétaux et celle de l’engrais minéral. Ainsi, la restitution des éléments minéraux permise par la décomposition des deux types de couverts végétaux est mesurée avec la méthode MERCI. Ensuite, la culture de betterave selon ses besoins, reçoit un complément d’engrais minéral. Autre caractéristique de cet essai : le choix d’un engrais azoté décarboné de la société Fertiberia. Ses avantages ? Cet engrais est produit à partir d’hydrogène issu de l’hydrolyse de l’eau et donc sans gaz fossile. Grâce à ce procédé, les émissions de GES* pendant la phase de fabrication sont réduites de 68 %. Quant à l’azote ammoniacal, il est encapsulé dans un gel (technologies Cpro) qui réduit les émissions de GES* (protoxyde d’azote) au champ. Une fois humidifié, l’engrais libère progressivement l’élément nutritif. De plus, les racines peuvent directement capter l’azote présent dans cette formulation.
« Concrètement, à mesure que l’engrais décarboné libère de l’azote, nous allons réaliser de nombreuses observations et mesures, ajoute Clément Bunias. Nous noterons la vigueur à la levée, la dynamique de développement des betteraves et nous mesurerons l’azote assimilé par la plante tout au long de son cycle de culture. Ces données seront complétées par un comptage régulier des pucerons au champ. »

Le thème fertilisation azotée décarbonée intègre le programme Mont Blanc

Par ailleurs, ce nouvel engrais Fertiberia (IZDS +) est comparé sur la ferme à de la solution azotée 39 %. Un bilan GES* est prévu pour chaque modalité. « Ce second thème s’inscrit dans le cadre de la stratégie de décarbonation agricole de Saint Louis Sucre, souligne Clément Bunias. Nous analyserons le rendement et nous ferons un bilan GES* pour chaque essai en comparant l’impact en émissions de carbone. »

*Gaz à effet de serre