« 35,50 €/t16° forfait collet est un prix cohérent avec notre stratégie betteravière »

Après avoir proposé un prix garanti pour 100 % des betteraves semées en 2022, Saint Louis Sucre a fait savoir aux planteurs le 14 mars que celui-ci serait réhaussé de 10 €/t. Retour sur les raisons de cette anticipation et projections avec Thomas Nuytten, directeur betteravier, Saint Louis Sucre.

Réhausser le prix garanti des contrats betteraviers avant la campagne de commercialisation du sucre, est-ce une première pour Saint Louis Sucre ?

C’est la situation économique et géopolitique internationale inédite qui nous amène à adapter notre stratégie de rémunération. Nous pensons qu’il nous appartient de donner de la visibilité aux planteurs sur la rentabilité et la durabilité de notre filière. Cela nous a conduit à proposer des contrats avec des prix garantis il y a deux ans déjà. Pour les semis 2020 et 2021, ces prix garantis portaient sur 70 % des betteraves et pour les semis 2022 nous les avons étendus à 100 % des betteraves. Dans l’intervalle, nous avons nous-mêmes, au sein du groupe Südzucker, fait des choix stratégiques pour renforcer nos positions sur les marchés les plus rémunérateurs en Europe et rendre nos outils industriels plus performants et moins consommateurs d’énergie.

Aujourd’hui, dans la même logique, nous pensons qu’il est nécessaire de réagir. Face à la concurrence des cours des céréales et du colza, les planteurs ont besoin que nous prenions des positions tangibles. Dans ce cadre, nous réhaussons notre prix minimum garanti pour 100 % des betteraves. Initialement fixé à 25,31 €/t16° forfait collet, nous avons décidé de le porter mi-mars à 35,50 €/t16° fortait collet, soit au moins 33 €/t16° betteraves entières, pulpes et indemnités incluses. Alors oui, c’est une première et c’est bien confirmé pour cette campagne 2022 ! 

Quels paramètres avez-vous avez pris en compte pour repositionner le prix garanti ?

Si l’envolée du cours des matières premières alimentaires est plus marquée pour le blé, le colza ou le maïs, celui du sucre suit la tendance. L’Ukraine n’est pas une zone de forte production de betteraves, toutefois les analyses conduites au sein du groupe, auxquelles a participé Daniel Calmejane, notre directeur des ventes industrie et exportation que les planteurs connaissent bien, nous donnent des indicateurs positifs. Elles se fondent sur la reprise de l’activité économique post-covid, couplée à une possible augmentation de la production d’éthanol au Brésil. Ces indicateurs pourraient soutenir des prix haussiers à court et moyen terme. Bien évidemment, ce sont des projections. Néanmoins, rappelons que depuis 2019 les cours du sucre ont augmenté de 39 %. Un autre paramètre a guidé notre souhait de réévaluer le prix garanti pour 2022 à 35,50 €/t16° : l’envolée des prix de l’énergie et des engrais. Les planteurs de Saint Louis Sucre doivent pouvoir l’absorber sans fragiliser leur résultat économique. L’ajustement constitue l’un de nos engagements.

Avec la capacité d’anticipation que la force du groupe Südzucker nous donne, nous sommes en mesure de proposer aux planteurs des prix garantis et de les revaloriser pour 2022.

L’envolée des cours de l’énergie infléchit-elle la performance économique des usines ?

Grâce aux investissements du groupe, depuis cinq ans, nous avons réalisé une modernisation complète de nos deux usines. Plus performantes, plus régulières, elles sont plus sobres en énergie. La consommation de gaz a été réduite de 25 % sur cette période. C’est considérable. De plus, notre gestion des achats d’énergie est anticipée, ce qui lisse les à-coups du marché. Nous bénéficions aussi des tarifs d’achats groupés négociés par le groupe Südzucker pour toutes ses usines. Notre modèle de production est solide.

Comment vous projetez-vous pour accroitre la durabilité de la production de sucre ? Et celle de la betterave ?

Avec un outil de production modernisé, nous gagnons en performance industrielle et commerciale. Avec une stratégie commerciale repensée, nous avons orienté nos ventes de sucre principalement sur les marchés domestiques et européens, qui sont les plus solides. Le contexte actuel qui replace au premier plan les enjeux de souveraineté alimentaire, nous conforte dans cette stratégie. Avec la capacité d’anticipation que la force du groupe nous donne, nous sommes en mesure de proposer aux planteurs des prix garantis et de les revaloriser pour 2022. Nous sommes heureux d’être dans cette dynamique et d’en faire bénéficier les planteurs de Saint Louis Sucre. Et cela se poursuit aussi sur le terrain, à travers notre accompagnement technique. Il se retrouve dans le suivi et le rôle de conseil que les inspecteurs de culture apportent au quotidien durant la campagne, dans le programme des essais Mont Blanc et aussi depuis cette année avec la ferme agroécologique d’Étrépagny. Toutes nos actions sont cohérentes et au service de la durabilité de la filière.