À la recherche de la petite bête

La nature est riche d’une biodiversité qui peut offrir des solutions alternatives à l’usage de produits phytosanitaires. Ouvrez l’œil.

Inhabituelle dans une journée technique, la présence de Raphaël Rouzes n’est pas passée inaperçue au rendez-vous Mont Blanc, organisé le 15 mai à Rollot dans l’Oise. Son discours a passionné un large public. Cet agro-éco-entomologiste est spécialiste des insectes, arthropodes, acariens et autres invertébrés qui composent la macro et méso faune. Depuis quelques années, il forme des groupes d’agriculteurs à reconnaître ces petites bêtes. « Mon rôle consiste à sensibiliser les professionnels à la biodiversité des agrosystèmes, explique-t-il. 

Pour les exploitants ou les techniciens, insecte rime souvent avec ravageur. Pourtant, c’est loin d’être toujours le cas.

Cette faune est constituée d’une multitude d’espèces dont la plupart sont inoffensives pour les cultures en place. Certaines ont en revanche un rôle très utile : ce sont les auxiliaires. Mais elles sont souvent mal connues malgré les bénéfices qu’elles apportent en participant par exemple à la dégradation de la matière organique, à la pollinisation ou bien en s’attaquant à certains ravageurs. C’est le cas par exemple des Braconidés  Aphidiinés, une sous-famille d’hyménoptères parasitoïdes, qui s’attaquent aux pucerons. Moins visibles et surtout moins connus que les coccinelles, ils s’avèrent également tout aussi utiles ». 

Raphaël Rouzes, entomologiste, estime que les agriculteurs disposent de nombreux alliés parmi les insectes et autres invertébrés des cultures.

Profiter des auxiliaires utiles aux cultures passe par une meilleure connaissance de la biodiversité fonctionnelle des champs.

Mieux connaitre les êtres vivants du sol

Des exemples comme celui-ci, Raphaël Rouzes en connait beaucoup. « Avec l’interdiction prochaine des néonicotinoïdes, ces auxiliaires méritent plus d’attention, souligne-t-il. Sans parler de toutes les autres espèces utiles que les scientifiques n’ont pas encore découvertes. L’agriculteur doit donc apprendre à connaitre les êtres vivants qui se trouvent sur et dans les sols de son exploitation. Sont-ils nuisibles à mes cultures ou au contraire utiles ? Quel est leur cycle de vie ? Qu’est-ce qui favorise leur prolifération ? Comment puis-je les préserver ?… Autant de questions simples qui peuvent aider les planteurs à réduire les quantités de produits phytosanitaires utilisées ». 

L’entomologiste explique ainsi que les insecticides à large spectre détruisent parfois des espèces utiles, alors qu’une molécule plus ciblée ne touche que les véritables ravageurs. L’implantation de bandes enherbées ou de haies le long des parcelles offre également un refuge de biodiversité intéressant. « À condition d’implanter des essences d’origines locales, précise-t-il. Les espèces exotiques n’ont pas leur place dans nos campagnes ». D’autres pistes sont à creuser, comme l’implantation d’espèces compagnes dont le rôle consiste à détourner les ravageurs de la culture principale. Une céréale implantée entre des rangs de maïs attirera les taupins. Autant de pratiques couramment mises en place dans de nombreux pays d’Afrique ou d’Asie. Souvent simples à mettre en œuvre, ces alternatives devraient, selon lui, se développer rapidement chez nous dans un futur proche.

Voir le site de Raphaël Rouzes : www.entomo-remedium.com