L’augmentation des surfaces vue par les Normands.

En 2017, en France, les betteraves ont couvert près de 20 % d’hectares de plus que l’an passé. Une hausse des tonnages qui permet aux planteurs historiques d’accroitre leur surface et, à de nouveaux agriculteurs, de s’essayer à cette culture. Avec l’allongement des campagnes, les entrepreneurs ont revu leur planning. Certains ont même investi dans de nouveaux outils, plus performants. Les usines de Saint Louis Sucre s’étaient préparées à cette nouvelle configuration, sur le plan humain et matériel. Planteurs, inspecteur de culture, ETA, directeur d’usine… les Normands nous livrent leur ressenti au beau milieu de la campagne d’arrachage.

 

Investir pour arracher plus, c’est bénéfique

Nicolas Verkinder, responsable de l’ETA NCV, à Le Favril, dans l’Eure

« Cette année, nous programmons d’arracher plus de 900 hectares de betteraves, contre 450 ha l’an passé. Une hausse des surfaces qui nous a incités à revoir tout notre planning, à mobiliser davantage de personnel sur ces chantiers et surtout, à investir dans une seconde arracheuse. Comme pour la première, nous avons opté pour une Grimme Maxtron 620 : une machine à chenilles qui nous permet de passer dans toutes les situations, quelles que soient les conditions climatiques. Et ce, sans abimer, ni les betteraves, ni le sol. En temps normal, nous terminons les arrachages autour du 15 novembre. Cette année, les chantiers devraient s’étirer jusque début décembre. Cette hausse était programmée : nous avons donc eu le temps de nous y préparer ».

 

Grâce à la betterave, j’ai une nouvelle tête d’assolement

Benoît Martin, agriculteur à Serez (27)

Benoît Martin fait partie des agriculteurs qui, cette année, ont souhaité intégrer la betterave dans leur rotation. « Et je ne le regrette pas, confie-t-il. En 2017, les betteraves occupent 10 de mes 127 ha. Ma principale motivation était de diversifier les cultures au sein de ma rotation, trop axée sur un blé-colza-orge. Je manquais de tête de rotation avec une problématique insectes et limace grandissante en colza. Avec la betterave, j’ai la solution d’autant que cette plante s’adapte bien à mes terres limono-argileuses. L’introduction d’une nouvelle culture de printemps me permet de gérer au mieux les problématiques ray-grass avec la possibilité d’élargir le spectre des herbicides. Le désherbage est très pointu mais j’apprécie. La betterave est une culture passionnante ».

Côté technique, Benoît explique avoir été très bien entouré par l’inspecteur de culture de la sucrerie, du choix des semences à l’emplacement des silos en passant par la reconnaissance des maladies. « Il m’a par exemple conseillé d’attendre que mes sols soient bien ressuyés avant de semer. Et cela a fonctionné. A l’heure des arrachages mes parcelles sont belles ». Dès cette année, Benoît n’a pas hésité à investir dans un semoir d’occasion, signe que la betterave compte rester pour quelques années encore au sein de l’exploitation.

Je consacre 7 ha supplémentaires à la betterave et
je compte maintenir cette surface

Julien Lefèvre, agriculteur à Bernay (27)

« Lors des semis 2017, je n’ai pas hésité à augmenter ma sole en betteraves : je suis passé de 12 à 19 ha. Un choix qui me permet de couper mes rotations classiques où colza et blé sont trop présents. Une stratégie qui facilite la gestion du désherbage et limite la pression maladie, notamment en blé sur blé. La sucrerie m’a proposé de commencer les arrachages dès le mois de septembre pour mettre en route l’usine. J’ai accepté. Initialement prévue pour fin janvier, les chantiers devraient donc se terminer fin novembre, comme les autres campagnes finalement. Pour les années suivantes, je compte maintenir cette surface. Si je réussis à arracher avant le 15 décembre, j’implanterai du blé derrière betterave. Si c’est après, j’opterai pour une orge de printemps. Dans tous les cas, la betterave reste une excellente tête de rotation. Avec plusieurs voisins, nous comptons investir dans un semoir pour diminuer nos coûts ».

Parcellaire, matériel, travaux… optimiser !

Didier Clémence, inspecteur de culture

« Pour un planteur, augmenter sa sole de betteraves présente de multiples avantages, à commencer par la gestion de son parcellaire. Accroitre ses surfaces permet d’optimiser ses parcelles et évite dès lors d’avoir à couper de grandes parcelles. Autre impact : l’envie d’investir dans du matériel, seul ou avec des voisins, et ainsi réduire les dépenses mais aussi piloter au plus juste les travaux. Cela commence souvent par un semoir, puis une bineuse. Introduire une nouvelle culture facilite la gestion des rotations. La betterave étant une excellente tête de rotation, elle trouve facilement sa place dans les assolements, notamment dans les régions où blé et colza dominent. Des rotations plus longues avec pour conséquence directe une gestion des adventices facilitée, à commencer par le ray grass. Si un traitement s’impose, la gestion du pulvérisateur, du rinçage, des fonds de cuve… est également plus aisée si la surface à traiter est plus grande. Devoir tout préparer pour une petite surface peut freiner certains planteurs. En résumé, pour chaque poste, du semis à l’arrachage, une sole plus importante permet d’optimiser les travaux, de gagner du temps et le plus souvent, de réduire les coûts ».

Nous nous étions préparés, nous sommes prêts

Guy Le Pargneux, directeur de l’usine d’Etrépagny

« Le rallongement de la durée de campagne devrait avoisiner, pour Etrépagny, une vingtaine de jours. Nous allons passer de 110 à 130 jours. Un changement que nous avions anticipé, tant au niveau du matériel que des hommes. Ainsi, six personnes ont été embauchées au sein de l’usine. Nos outils, eux, ont été adaptés pour être fiables, performants et capables de le rester sur la longueur. Pour nous, c’est un enjeu financier important car, comme toute usine, plus une sucrerie est saturée, moins cela coûte cher ! Accroitre la durée de fonctionnement nous permet de mieux amortir les charges fixes. Nous sommes totalement prêts à assumer une campagne de 130 jours, voire 140 ou 150 jours si besoin. Chez Saint Louis Sucre, la betterave, on y croit ! Nous continuons à investir pour préserver la fiabilité et la productivité de nos sites, tout en poursuivant la réduction de consommation d’énergie et la préservation de l’environnement. Il est capital de mener ces différents objectifs de front. »