Des bassins aux champs, les écumes de sucrerie

Dans quelques semaines, les écumes de sucrerie quitteront les bassins où elles sont stockées depuis le début de la dernière campagne. De co-produits de l’usine, elles deviendront des amendements de fond. À Etrépagny, Edwige Delcour et Joël Duprey sont mobilisés.

Edwige Delcour est inspectrice de culture depuis 7 ans et son collègue Joël Duprey, surveillant épandage et bassin depuis 12 ans. Pour l’un comme pour l’autre, le sujet « écumes » est pris très au sérieux, avec pour leitmotiv : la qualité.

Un seul produit. Deux regards

Joël Duprey

« Les écumes de sucrerie sont issues du process de décarbonatation. Elles sont séparées des jus sucrés par filtration puis stockées dans des bassins drainés spécialement aménagés. Mon rôle est de veiller à la qualité depuis leur entrée jusqu’à leur sortie des bassins. » 

Edwige Delcour

« Les écumes de sucrerie constituent un amendement de fond très intéressant : elles améliorent le sol, ce qui se traduit par des gains de productivité mesurés sur les cultures suivantes. Et du fait de leur finesse et de leur solubilité, elles agissent rapidement et assurent la fertilisation en calcium et magnésie. Mon rôle est de vulgariser ce message technique auprès des planteurs et d’organiser les campagnes de livraison. » 

La qualité au stockage

Joël Duprey

« En moyenne à Etrépagny on stocke 60 à 80 000 tonnes d’écumes. Au moment de « l’ouverture » des bassins je fais monter des murs pour que l’entreposage soit bien délimité et maîtrisé. Puis au fil de la campagne, je veille à évacuer l’eau, par des opérations de pompage régulières. Cela demande beaucoup de surveillance, mais c’est indispensable pour que le produit soit le plus solide possible et qu’aucune poche d’eau ne s’installe. »

La qualité à la livraison

Edwige Delcour

« Les écumes sont naturellement riches en matières fertilisantes (phosphore, magnésium et calcium, et aussi oligo-éléments). Avec 10 à 15 tonnes d’écumes (selon le type de sol) on entretient son sol pour 5 ans. Mais il faut aussi que les écumes livrées aux planteurs soient les plus denses possibles et exemptes de graines d’adventices. C’est pourquoi le travail de Joël en amont est précieux. »

Joël Duprey

« Je me charge de faire intervenir régulièrement des entreprises qui pratiquent un désherbage mécanique aux abords des bassins. L’objectif est de ne laisser aucune adventice monter à graines pour garantir la qualité des écumes. »

Edwige Delcour

« D’ici peu on sera prêt à faire sortir les écumes de la dernière campagne. Les volumes cette année sont en retrait, du fait des rendements moindres de la campagne. Mais les planteurs qui sont habitués à fertiliser leurs sols avec les écumes sont demandeurs. Ils seront livrés en mai-juin et pourront épandre les écumes après les moissons en juillet-août. »