Essai désherbage - Mécanique et chimie, une union à raisonner

Florian Strube, agriculteur dans l’Oise, teste, dans ses betteraves, différentes modalités de désherbage, associant produits phytosanitaires et passages d’outils mécaniques. Les premières observations sont encourageantes.

Florian Strube

Agriculteur dans l’Oise

Installé sur 250 ha à Estrée-Saint-Denis dans l’Oise, Florian Strube cultive 250 ha : des céréales, des betteraves mais aussi des cultures légumières. Sur l’exploitation, 25 ha sont déjà conduits en bio, 30 autres hectares sont en conversion. « L’objectif est d’arriver à 100 ha dans les cinq années à venir, confie-t-il. Pour l’heure, ce sont les carottes, pommes de terre et haricots qui sont cultivés sans aucun pesticide de synthèse. Pour les autres cultures, j’essaie de réduire, dès que possible les quantités épandues. Peut-être avons-nous trop joué la sécurité les années passées, se demande-t-il. Une chose est sûre, je ne veux prendre aucun risque : les réductions de doses que j’applique sont ajustées et raisonnées ». 

Herse-étrille et bineuse, à chacune son rôle

Sur betteraves, Florian Strube vise également une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, à commencer par les herbicides. « Depuis 2 ans, je mène un essai en partenariat avec Saint-Louis-Sucre pour tester l’impact du désherbage mécanique dans la stratégie globale de désherbage, explique-t-il. J’utilise le matériel présent sur l’exploitation, herse-étrille et bineuse, déjà employées pour mes parcelles conduites en bio ». La herse-étrille travaille sur le rang tandis que la bineuse « fignole » entre les rangs. Florian Strube reconnait que le passage au bio le fait progresser techniquement. « J’apprends campagne après campagne, concède-t-il. Ainsi, je me suis rendu compte que le passage de la herse-étrille sur betterave est assez délicat car il faut viser le bon stade pour ne pas fragiliser les plantes. Les premiers essais, au stade 2 feuilles, étaient trop précoces : les dégâts sur betteraves étaient trop importants. »

Désherbage mécanique et/ou chimique : quatre modalités testées en 2020

Les mêmes modalités ont étés reproduites en 2021 et varieront en fonction des conditions climatiques.

Aller jusqu’au rendement

Chacune des quatre modalités testées (cf encadré) est conduite sur une bande de 36 m de large par 600 m de long. « Exceptée la modalité « -70 % » qui fait la moitié de la surface des trois autres essais, précise-t-il. J’avais un peu peur de l’impact de cette forte réduction de désherbage chimique sur le salissement de la parcelle, alors j’ai opté pour la sécurité. » Mis à part le poste désherbage, les parcelles sont conduites de façon identique, en respectant l’itinéraire souhaité par l’agriculteur, du choix variétal à la récolte, en passant par la date de semis et la stratégie fongicide.

Jusqu’à la fin de la campagne, les modalités sont restées relativement propres.

Des liserons récalcitrants

« Jusqu’à la fin de la campagne, les modalités sont restées relativement propres, constate-t-il. La modalité « -70 % » a nécessité un passage manuel, non prévu au départ, pour éliminer les liserons qui étaient passés au travers des interventions précédentes. Avec seulement deux passages chimiques, contre cinq dans le témoin, le résultat est satisfaisant ». Mais attention aux conclusions hâtives ! Cette année, le climat a été plutôt favorable : le printemps, relativement sec, a limité le nombre de relevées d’adventices. La pression a donc assez faible. » À la fin de la campagne, aucune différence n’a été observées avec des rendements similaires entre les modalités. Une légère perte de rendement est visible dans la modalité -70 % (de l’ordre de quelques tonnes). Cela est principalement dû à la perte de pieds engendrée par le passage de herse étrille en pré-levée, une intervention délicate.

Multiplier les essais

D’où l’intérêt de mener ce type d’essais plusieurs années consécutives, afin de tenir compte des différents contextes climatiques. Les comptages du nombre d’adventices, avant et après chaque passage, affineront les données pour mesurer précisément l’efficacité de chaque modalité. De même, les essais vont jusqu’au rendement pour également dresser un bilan économique de cette expérimentation. « En betterave, le coût du désherbage est loin d’être négligeable, concède-t-il. Et vue la pression sociétale autour des phytos, il est important de chercher des alternatives pour réduire leur usage. Le passage d’outils mécaniques semble, à mon sens, une option à creuser ».