La betterave, de la racine au sirop

Depuis respectivement 19 et 20 ans, Benoît Lefèvre et Jean-Claude Claisse exercent des métiers complémentaires qui garantissent le bon déroulement de la campagne betteravière au sein de l’usine de Roye.

Benoit Lefèvre est surveillant du « chantier avant de l’usine » c’est-à-dire depuis la cour de stockage des betteraves jusqu’à l’évaporation des jus. En inter-campagne, il est préparateur de travaux du service production. Quant à Jean-Claude Claisse, il occupe le poste de surveillant au centre de réception durant la campagne betteravière. Le reste du temps, il assure la maintenance électrique de l’usine.

Des services en interconnexion

Jean-Claude Claisse

En tant que surveillant, mon rôle consiste à gérer le centre de réception et à assurer son bon état de fonctionnement. A chaque changement de poste, je passe les consignes à l’équipe suivante. Cela se fait naturellement.

Benoit Lefèvre

Nous procédons de la même manière au sein de mon équipe. Nous disposons d’un cahier de poste sur lequel nous rédigeons les interventions réalisées, les contrôles de sécurité effectués et les remarques diverses. Tout est tracé. Avec l’appui de quatre collaborateurs, je contrôle les paramètres physiques de certaines machines dans l’usine et vérifie certains paramètres : propreté et état sanitaire des betteraves au lavoir, déroulement du découpage en cossettes, surveillance des températures et du pH à différentes étapes de la transformation. Notre objectif final est de fournir un sirop de qualité qui réponde aux critères définis par le chef de production (concentration en sucre, coloration, taux de pureté du Brix ou de matières sèches dissoutes, etc.) Quotidiennement, je communique avec le centre de réception qui nous alerte sur la présence de terre, de cailloux ou de betteraves malades dans les échantillons. Cette remontée d’informations est essentielle pour que nous adaptions les réglages nécessaires au bon fonctionnement des étapes de diffusion et de filtration.

Jean-Claude Claisse

Tous les camions échantillonnés au centre de réception, soit en moyenne un sur deux, sont gérés selon un seul et unique processus. Lorsqu’ils arrivent chargés à la sucrerie, une sonde, dite rupro, prélève environ 50 kg de betteraves. L’échantillon est ensuite pesé, lavé puis trié pour en extraire tout corps étranger (terre, cailloux, herbe, etc.). Au tri, les betteraves sont photographiées. Ainsi tout est vérifiable sans contestation possible. L’échantillon est ensuite réduit en râpure. Le laboratoire en analyse la richesse en sucre. Toutes ces données sont ensuite enregistrées et stockées dans une base de données.

Mon poste consiste à mettre tout en œuvre pour maintenir une cadence usine qui soit régulière. Benoit Lefèvre

Des contrôles à toutes les étapes

Jean-Claude Claisse

En tant qu’acheteur de betteraves, je veille au respect du référentiel de réceptions des betteraves, un document officiel élaboré par l’interprofession et homologué par la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes). Les dernières grandes évolutions de celui-ci concernent chez Saint Louis Sucre l’achat de la betterave entière ; il n’y a plus d’opération de décolletage. Tous les jours, nous effectuons des autocontrôles pour vérifier que nous respectons bien les normes en vigueur. Par poste de travail de 8 heures, cela représente une moyenne de 100 échantillons quotidiens. Une fois par mois, une société d’inspection et de certification vérifie et valide la conformité de nos autocontrôles.

Benoit Lefèvre

Durant l’étape d’épuration, avec mon équipe, nous contrôlons régulièrement l’alcalinité et la température des jus de diffusion. Nous disposons de matériels localisés à différents endroits stratégiques de la chaîne. Ils nous permettent de disposer d’une information en continu. En cas d’anomalie ou de dysfonctionnement, nous pouvons être très réactifs et intervenir rapidement pour éviter un ralentissement de l’usine. Lors de l’épuration des jus, nous neutralisons naturellement les impuretés avec l’ajout de lait de chaux (issu de pierres calcaires). Ensuite, l’adjonction de CO2 (carbonatation) fait précipiter la chaux qui, avec les impuretés, sera séparée du jus sucré par filtration. Les impuretés et le lait de chaux mélangé produiront les écumes de sucrerie qui serviront d’engrais naturels aux agriculteurs. Rien ne se perd, tout est utilisable ! Ce que je trouve toujours impressionnant dans mon métier, c’est de voir qu’à partir d’une betterave brute il est possible de produire un jus de couleur caramel avec des critères qualitatifs bien spécifiques.

En tant qu’acheteur de betteraves, je veille au respect du référentiel de réceptions des betteraves. Jean-Claude Claisse

Maintenir la cadence

Jean-Claude Claisse

Nous avons tous pour objectif d’assurer la bonne marche du centre de réception qui fonctionne 24h sur 24, 7 jours sur 7. Même en cas de ralentissement de la cadence de l’usine, nous pouvons poursuivre les prises d’échantillons et orienter les camions pour que les betteraves soient stockées en attendant d’être travaillées.

Benoit Lefèvre

En cas de ralentissement important, nous devons en référer au chef de poste qui à son tour prévient le service betteravier pour adapter le planning d’enlèvement des betteraves sur le terrain et par conséquent l’approvisionnement de l’usine. Mon poste consiste à mettre tout en œuvre pour maintenir une cadence usine qui soit régulière. Depuis quelques années, nous assistons à des rénovations du site avec des équipements fiables qui facilitent notre quotidien. C’est parfois difficile d’être sur tous les fronts mais on y arrive. Il n’est pas rare de marcher 17 km durant un poste de 8 heures !