La température du sol, facteur de déclenchement du semis

Avec le retour d’un temps plus clément et printanier, les semis de betteraves se profilent… Benoit Guilbert reste malgré tout patient. 

Benoit Guilbert

« Dans mon système, il ne faut pas se précipiter dès les premiers rayons du soleil. Même si les températures de l’air augmentent rapidement, ce n’est pas le cas pour le sol. À ce jour, elle oscille entre 5 et 7°C ce qui n’est pas suffisant pour une bonne dynamique de levée. Je considère que 10°C est la température minimale pour garantir une bonne levée. L’idéal est un sol qui se réchauffe rapidement et qui atteigne 12 à 15°C dans les 15 jours qui suivent le semis. »

Des couverts gelés ou peu développés

« Suite aux gelées de cet hiver, sur les 8 cultures semées sous la coupe de la moissonneuse batteuse, seule la navette a résisté. Toutes les autres espèces ont gelé », explique Benoit Guilbert. Les graminées semées le 18/09/2020 au semoir à dents sont actuellement au stade tallage. « Contrairement à nos attentes, elles ne sont pas au stade montaison en sortie d’hiver. Il reste donc encore des enseignements à tirer ! » Le seigle est l’espèce qui présente la biomasse et le système racinaire les plus développés comparés à l’orge de printemps. « Ces graminées sont à un stade trop jeune pour être détruites mécaniquement, même avec le passage d’un rouleau type faca. C’est pour ces raisons que j’ai appliqué un herbicide pour nettoyer la parcelle avant de semer les betteraves. J’ai appliqué 1 L/ha d'un herbicide non sélectif au 15 mars ». 

Benoit Guilbert espère semer ses betteraves vers le 30 mars. Elles prendront le relais des plantes qui ont été détruites 15 jours plus tôt. « Pour moi c’est trop tôt de semer début mars voire fin février. C’est trop risqué ! » Benoit Guilbert prévoit le passage du strip till avant le semis de la betterave. « Ce passage sera un travail de préparation de sol superficiel localisé sur le rang pour réchauffer la ligne de semis. »

Avec le gel de l’hiver, peu d’espèces de couverts ont résisté hormis les navettes et les graminées qui restent peu développées (stade tallage). ©Benoit Guilbert

Avec le gel de l’hiver, peu d’espèces de couverts ont résisté hormis les navettes et les graminées qui restent peu développées (stade tallage). ©Benoit Guilbert

Trouver les plantes compagnes adaptées

Benoit Guilbert espère pouvoir mettre en place de nouveaux essais de couverts en inter-rang. « Je souhaiterais tester un semis de mélange de différentes plantes à une dose très faible sur l’inter-rang. L’objectif est de tester l’effet de ces plantes compagnes sur l’enherbement sans qu’elles soient concurrentielles de la betterave. La seule incertitude reste leur résistance face à un programme de désherbage des betteraves appliqué en plein. Avec les équipes de Saint Louis Sucre, nous sommes encore dans une phase de tests et de découverte. Nous devons ouvrir le champ des possibles et définir des protocoles pour cibler les services et les objectifs attendus pour chaque espèce. » Les semis de couverts de l’automne dernier n’ont pas résisté au gel. Dans ces conditions, difficiles de mettre en place ces essais pour ce printemps. « Au moment de la moisson 2021, il faudra semer des plantes connues pour leur résistance au gel. L’objectif serait qu’elles soient à un stade proche de la floraison lors des semis de betteraves du printemps suivant pour être moins sensibles aux herbicides. Nous pourrons ainsi tester le désherbage en plein voire en localisé pour tirer des enseignements et adapter cette technique pour en tirer des bénéficies agronomiques et environnementaux. »

Même avec un rouleau faca, les graminées sont trop petites pour être efficacement détruites. Dans ces conditions, le recours à un herbicide non sélectif à la dose de 1L/ha est indispensable. ©Benoit Guilbert