Le bâchage mécanisé, moins d’effort et plus de confort pour les planteurs

À Etrépagny, la majorité des betteraves est enlevée par un avaleur de silo, dont le prestataire s’occupe également de l’organisation du bâchage mécanisé. À Roye, une prestation de nivelage combinée au bâchage mécanisé est proposée aux planteurs.

Un service clé en main

Depuis cinq ans, l’usine d’Etrépagny ramasse les betteraves de ses planteurs avec des avaleurs de silos. Cette organisation a conduit à la mise en place d’un autre chantier : le bâchage mécanisé systématique. « Les silos en bout de champs ont une largeur de 9 m, explique Jean-Baptiste Leroy, inspecteur de culture à Etrépagny. Avec cette largeur réduite, on peut accéder de chaque côté du silo pour fixer la bâche. Un disque fixé sur le tracteur insère la bâche tout autour du silo pour éviter qu’elle ne s’envole. » L’avaleur et le bâchage mécanisé sont proposés sous forme de pack. L’intérêt du bâchage mécanisé est d’apporter du confort aux agriculteurs. Ils n’ont plus à se préoccuper de cette tâche contraignante et physique. Avec la prestation mécanisée, certes deux à trois personnes sont nécessaires mais cela améliore la tare-terre, donc la conservation des betteraves sans augmenter la charge de travail sur les exploitations. »

Saint Louis Sucre et les prestataires de bâchage : un binôme performant

À Etrépagny comme à Roye, le bâchage et le débâchage mécanisés sont organisés conjointement entre les équipes terrain Saint Louis Sucre et les prestataires. Ils planifient ensemble les chantiers en fonction du planning d’arrachage et d’enlèvement des betteraves. « Selon les conditions, les prestataires sont capables de bâcher entre 5 000 et 8 000 tonnes de betteraves par jour », explique Cyril Croissant, logisticien betteravier à Etrépagny.  
Une fois le planning prévisionnel d’enlèvement mis en place avant la campagne, le pôle logistique betteravier Saint Louis Sucre se charge de l’achat des bâches pour tous les prestataires de la sucrerie.

« Nous proposons, aux prestataires et aux planteurs, des bâches qui mesurent 14,50 m de large et 25 m de long. Ces dimensions permettent de couvrir correctement le silo de betteraves, à raison d’une bâche pour protéger environ 200 à 300 tonnes de betteraves. Ainsi chaque prestataire a besoin d’environ 500 bâches par campagne qui lui sont livrées pliées. Il lui appartient ensuite d’enrouler ces bâches autour de tubes inox avant de se rendre en plaine pour pratiquer le bâchage. Une fois l’opération réalisée, les tubes sont réutilisés au moment du débâchage. Le voile Toptex ou Vélitex est à nouveau enroulé sur le tube pour être remis en séchage et stockage », explique Cyril Croissant.

Au cours d’une campagne, 25 à 30% des betteraves sont protégées grâce au bâchage.

Le bâchage protège du gel et de la repousse

« L’objectif premier du bâchage est la protection contre le gel, explique Benoist Couraye du Parc, inspecteur de culture à Etrépagny. Les betteraves se conservent mieux et maintiennent leur qualité marchande. L’extraction du jus est également facilitée au niveau de la diffusion. » Des essais de suivi de températures ont été réalisés à l’intérieur des silos grâce à des sondes thermiques. Les variations thermiques sont moins importantes à l’intérieur qu’à l’extérieur. « Couvertes, les betteraves sont moins soumises à des chocs thermiques, donc elles se conservent mieux », souligne Benoist Couraye du Parc.

Enfin, en mettant les racines à l’abri de la lumière et de l’humidité, le bâchage limite les repousses de betteraves en silo. Elles ne puisent donc pas dans leurs réserves pour produire des feuilles, ce qui préserve leur richesse. « Le bâchage est donc un système gagnant-gagnant pour la sucrerie et le planteur », affirme Benoist Couraye du Parc.

Le bâchage facilite le déterrage

Le bâchage améliore la qualité du déterrage, donc la tare terre individuelle de l’agriculteur et par conséquent celle de l’usine. « Un point de tare terre gagné, c’est un gain économique pour le planteur et pour l’usine, prévient Jean-Baptiste Leroy, inspecteur de culture à Etrépagny. Moins il y a de terre à transporter, moins il y a de camions sur la route. C’est bénéfique pour tout le monde ! » Le montant du bonus/malus attribué au planteur est calculé à partir de sa tare terre individuelle moyenne comparée à la tare moyenne usine.

Aujourd’hui, le bâchage s’effectue de plus en plus tôt, vers le 15 novembre avec le voile Toptex ou Velitex, bâches blanches tissées. « Ce matériau est plus respirant que la bâche noire, utilisée auparavant. Les betteraves respirent mieux et le déterrage est de meilleure qualité », affirme Jean-Baptiste Leroy.

Au fur et à mesure des années, les inspecteurs de culture ont constaté de réelles améliorations sur la qualité du déterrage grâce au bâchage. La terre sèche se décolle mieux et tombe entre les rouleaux de l’avaleur de silo ou ceux du déterreur. « Dix jours minimum sous la bâche sont nécessaires pour que les betteraves sèchent suffisamment et permettent ainsi un déterrage plus efficace. Plus la terre est sèche et abondante, plus il est facile de réduire la tare terre du silo », explique Jean-Baptiste Leroy. Le gain de tare terre est variable selon le type de sol de la parcelle récoltée. Un sol argileux forme des boulettes dans le tas, ce qui rend le déterrage plus difficile qu’un sol limoneux dont la terre s’émiette et se décolle facilement. « D’une manière générale, le déterrage permet d’enlever 40 % de terre sur les betteraves », précise-t-il.

Le débâchage doit s’effectuer dans un minimum de temps avant l’enlèvement des betteraves.

Anticiper la météo pour débâcher

Les bâches Toptex ou Vélitex ont une durée de vie moyenne de cinq ans, variable selon les conditions dans lesquelles elles ont été enlevées puis conservées. Lors du débâchage, les bâches peuvent être mouillées, gelées voire enneigées. Elles deviennent lourdes et rigides, plus difficilement manipulables. « C’est pourquoi, le débâchage est fonction des conditions météo tout en respectant un délai suffisamment court avant l’enlèvement pour éviter tous risques de gel sur le silo», explique Benoist Couraye du Parc.

À Roye, nivelage et bâchage mécanisé : du 2 en 1

Le bâchage mécanisé est en cours de développement à Roye, pour protéger au mieux les betteraves contre le gel. « Pour réaliser correctement le bâchage mécanisé, les agriculteurs doivent être vigilants au moment de la constitution de leur silo sur plateforme. En effet, il faut en limiter la largeur à 12 m pour pouvoir passer le bras articulé du matériel de bâchage », conseille Henry Wattel, inspecteur de culture en Picardie. 

Depuis l’an dernier, la sucrerie propose aux planteurs une prestation de bâchage mécanisé au tarif de 1.30 € / t. Une prime de bâchage de 0.65 € la tonne effective est attribuée en même temps aux agriculteurs. La charge réelle nette est donc de 0,65 € la tonne effective pour les planteurs. « En 2019, il a fallu pratiquement un mois à chaque prestataire pour effectuer le nivelage et le bâchage mécanisé, soit 80 000 tonnes bâchées par matériel en moyenne ». L’objectif pour la campagne 2021, est le développement de la prestation pour l’ensemble des planteurs de Roye.