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www.saintlouis-sucre.comDu miscanthus planté sur la ferme agroécologique d’Étrépagny, mais pour quelle raison ? C’est à cette question que répondent Philippe Simonin, directeur adjoint betteravier Saint Louis Sucre et Laure Figeureu-Bidaud, vice-présidente de la coopérative UCDV. Et si « l’herbe à éléphant » alimentait « la mémoire locale » d’un exemple de transition agroécologique et énergétique réussie.
Comment valoriser une zone moins productive située le long d’un cours d’eau ? Le choix ne peut se porter que sur une espèce rustique, nécessitant peu d’investissement pour la cultiver et surtout ni engrais, ni produits phytosanitaires. Le miscanthus répond à ces critères. Installée pour 20 ans, productive dès la deuxième année, cette graminée originaire d’Afrique et d’Asie du Sud-Est ne demande pas d’entretien. Sa fauche annuelle, vers avril, fournit une importante quantité de matière sèche valorisable en bioénergie. Son deuxième nom, l’herbe à éléphant est d’ailleurs un bon indicateur de sa hauteur et du volume à récolter : 12 t MS/ha sont espérées à Étrépagny. « Avec cette nouvelle espèce, notre objectif est d’abord environnemental, explique Philippe Simonin, directeur adjoint betteravier de Saint Louis Sucre. Nous protégeons l’eau et nous contribuons à l’économie locale ainsi qu’au déploiement des ressources énergétiques alternatives aux énergies fossiles. »
C’est l’Usine coopérative de déshydratation du Vexin (UCDV), localisée non loin d’Étrépagny, à Saussay-La-Campagne, qui est le chef d’orchestre de cette filière. Elle assure la coupe annuelle de la plante par broyage. Stocké sur le site de l’usine, le miscanthus va alimenter sa chaudière à biomasse. « La discussion avec la coopérative sur la pertinence de cultiver du miscanthus a débuté en 2020, raconte Philippe Simonin. Nous travaillons déjà avec la structure qui déshydrate la majorité des pulpes de betteraves produites à la sucrerie et la luzerne que nous cultivons également sur la ferme. Avec ce partenariat, nous nous orientons vers un débouché non alimentaire émergent, le biosourcing, porteur de sens, en lien avec notre stratégie RSE et les enjeux de décarbonation des filières agricoles. »
Laure Figeureu-Bidaud, vice-présidente de la coopérative UCDV, a assisté le 3 mai au chantier de plantation de miscanthus sur la ferme agroécologique d’Étrépagny. La coopérative opère sa transition énergétique avec un objectif de 100 % de biomasse dans ses deux chaudières à horizon 2030. L’utilisation de cette ressource se raisonne en substitution de la valeur calorifique du charbon, soit un rendement de 2,8 Mw/h pour 1 tonne de plaquettes forestières, et par rapport au coût de l’énergie. Les tensions actuelles, en termes d’approvisionnement, de flambée des prix mais aussi de contexte géopolitique, confortent cette stratégie, au-delà de l’enjeu de décarbonation de l’activité d’UCDV.
« Nous étudions toutes les pistes pour consolider notre mix énergétique biosourcé, explique Laure Figeureu-Bidaud. Plaquettes forestières, anas de lin, broyats de miscanthus, ces matières premières entrent dans le four à biomasse servant à déshydrater la luzerne et les pulpes de betterave. L’usage énergétique devient maintenant majoritaire, puisque sur les 900 tonnes de miscanthus récupérées sur 110 ha auprès des adhérents de l’UCDV, 600 seront brûlées. Le tiers restant est destiné à la fabrication de litières pour les animaux ou de paillis. « En 2021, la part du biosourcé correspondait à 46 % de notre consommation énergétique, nous visons 75 % en 2022. Nous avons même pu expérimenter sur quelques jours le fonctionnement à 100 % de l’usine avec du biosourcé. Ce modèle se révèle tellement concluant que nous envisageons, à moyen terme, d’être revendeurs de crédits carbone ! »
Reste à ajuster la transition logistique en raison du volume que représentent les cannes de miscanthus broyées. « En période de pointe, avec 12 à 13 rotations de camions par jour, nous aurons du mal à en faire davantage », précise Laure Figeureu-Bidaud.