Recettes pour profiter des couverts végétaux.

Victor Leforestier, agronome et agriculteur, vous livre les secrets des couverts végétaux.

L’implantation de couverts végétaux est une pratique préconisée depuis quelques années, quels en sont les avantages ?

Victor Leforestier

« Semer un couvert végétal pour ne pas laisser le sol nu en hiver est désormais obligatoire. Loin d’être perçue comme une contrainte, cette pratique recèle de nombreux atouts, à commencer par le piégeage de l’azote pour limiter les pertes par lessivage. Les couverts végétaux ont également un rôle fondamental dans la lutte contre l’érosion et dans l’amélioration de la structure des sols. Les racines de ces plantes explorent toutes les fissures et aèrent la terre. Outre l’azote, ces couverts recyclent aussi un grand nombre d’éléments minéraux : potassium, phosphore… Autant d’éléments que la végétation, une fois enfouie, restitue aux culture(s) suivante(s). L’installation réussie d’un couvert est aussi un excellent moyen de limiter la propagation des adventices et donc, le salissement des parcelles. N’oublions pas leurs rôles positifs sur la biodiversité et sur les paysages surtout si les mélanges intègrent des espèces à fleurs comme la phacélie, la féverole ou le tournesol ». 

Pourquoi semer plusieurs espèces dans le même couvert ?

Victor Leforestier

« Plus le couvert fabriquera de biomasse, plus il sera efficace et plus il sera facile à détruire. Dans les essais présentés ci-dessous, nous constatons par exemple que la moutarde ou la phacélie cultivées seules ont un rendement proche de 5 t/ha En associant phacélie et moutarde, le rendement reste le même. Mais, en ajoutant de la vesce à ce mélange, la production passe alors à 6 t/ha de biomasse soit un gain de 20 %. La vesce, qui est une légumineuse, fait profiter les deux autres plantes de sa capacité à fixer l’azote dans le sol. Même constat avec le mélange à quatre espèces radis / tournesol / phacélie / vesce : le rendement grimpe alors à 7,8 t. Les plantes sont ici complémentaires. Par leur taille, elles occupent des strates différentes dans l’espace, valorisant au mieux le rayonnement solaire. Leurs périodes de pousse étant décalées, le couvert est toujours en croissance. Avec deux légumineuses, la fixation d’azote est encore meilleure comme le prouve le rendement de 9,4 t/ha obtenu avec le mélange tournesol / phacélie / pois / vesce ».

Quels conseils donnez-vous aux planteurs pour semer facilement les mélanges ?

Victor Leforestier

« Je recommande de semer le plus tôt possible, dès la récolte si possible et de n’épandre les fertilisants organiques qu’une fois le couvert levé. Après le 1er septembre, mon conseil est d’augmenter la densité de semis de 10 à 15 % et d’épandre, quand c’est autorisé, une trentaine d’unités d’azote pour obtenir un démarrage rapide. Assurer l’homogénéité du mélange, au moment du semis, est un autre impératif. Plus le nombre de graines de tailles et de forme différentes est important, plus le mélange est stable dans la trémie. Pour ne pas que les graines de petites tailles partent en premier, une solution consiste à travailler en deux étapes : un premier passage avec l’épandeur à engrais pour les semences de gros diamètre comme le pois, la féverole ou bien pour celles employées en grande quantité comme l’avoine. Ce semis à la volée est suivi d’un second passage pour les plus petites graines réalisé cette fois-ci avec un distributeur de type Delimbe monté sur le déchaumeur. Un roulage permet ensuite d’assurer une bonne levée. Certains agriculteurs ont transformé leur déchaumeur à dents en ajoutant une trémie et des descentes positionnées derrière chaque pointe. Cela permet de travailler assez efficacement, en direct sur les chaumes. Par ailleurs, les constructeurs sont de plus en plus nombreux à proposer des semoirs à double ou triple trémies adaptés aux mélanges ».

Comment détruire efficacement les couverts ?

Victor Leforestier

« L’agriculteur recherche les meilleures conditions pour implanter la culture suivante, quelle que soit la stratégie choisie : traditionnelle avec labour, itinéraire simplifié, ou semis direct. Avant de passer la charrue, le broyage mécanique est sans doute la solution la plus efficace pour détruire le couvert et obtenir un labour de qualité. Si l’agriculteur accepte de conserver des débris végétaux sur sa parcelle, il peut détruire son couvert en pratiquant un simple roulage. En période de gel, cette technique est simple et très efficace. Les rouleaux broyeurs, ou rouleaux Faca, qui coupent les tiges sont également de plus en plus utilisés car ils sont efficaces mêmes lorsque les températures sont positives. Leur performance est même meilleure sur les couverts très développés. Enfin, tant que le glyphosate est autorisé, cette solution reste efficace… même si les agriculteurs ont tout intérêt, dès à présent, à se pencher sur des méthodes alternatives ».

Télécharger la présentation de Victor Le Forestier

Documentation en ligne : 
https://agriculture-de-conservation.com
Couverts végétaux d’interculture​

 

(Propos recueillis lors des journées Mont Blanc d’automne 2017)

Rouleaux broyeur

Broyeur

Destruction mécanique

Rouleaux classique

Victor Le Forestier

Couverts Voyennes