Deuxième round du PNRI, les observations ont débuté

Pierre-Étienne Bru et Julien Vasseur, inspecteurs de culture à Étrépagny et à Roye arpentent, tous les 15 jours, les parcelles d’essais du PNRI. Objectif : identifier et compter les insectes - ravageurs et auxiliaires - sur betteraves, plantes compagnes et bandes fleuries !

Depuis la levée des betteraves, les observations des essais menés dans le cadre du PNRI, le Plan national de recherche et d’innovation, ont repris. Lancé en septembre 2020 pour trois ans, ce programme vise à trouver des alternatives aux néonicotinoïdes pour contrôler les attaques de pucerons, vecteurs de la jaunisse. Saint Louis Sucre participe à ce dispositif national, en accompagnant les planteurs qui ont accepté que leur exploitation devienne ferme pilote. Plusieurs pistes sont testées : l’implantation de plantes compagnes ou de bandes fleuries. Pour chaque modalité, des zones témoins, sans aménagement, sont également observées.

La reconnaissance des insectes, plus simple cette année

Julien Vasseur, inspecteur de culture à Roye, suit les essais plantes compagnes et son homologue en Normandie, Pierre-Étienne Bru, ceux dédiés aux « bandes fleuries ». Tous deux ont, l’an passé, suivi une formation, associant théorie en salle et pratique sur le terrain, pour notamment, réussir à identifier chaque insecte. « Reconnaître une coccinelle, un syrphe ou un puceron est assez simple, confie Pierre-Étienne Bru. Néanmoins la palette d’insectes présents dans les parcelles est vraiment très large. Je me sens beaucoup plus à l’aise cette année. Le groupe Whatsapp animé par une entomologiste, s’avère également d’une grande utilité. Un doute ? Je prends une photo et l’envoie au groupe. En quelques secondes, j’ai la réponse. »

Observations et comptages tous les 15 jours

Pour chaque essai, le protocole est calé. « Les bandes fleuries ont été semées quelques jours avant les betteraves, au milieu de la parcelle, sur toute la longueur, précise Pierre-Étienne Bru. Depuis le stade 2 feuilles des betteraves, je réalise des observations et des comptages tous les 15 jours : à 15, 25 et 50 m de ces bandes, sur une dizaine de pieds de betteraves pour chacune des trois distances. Ces observations vont se poursuivre jusqu’au stade « couverture du rang ». À chaque fois, je dois identifier et comptabiliser tout ce que je vois : pucerons verts ou noirs, aptères ou ailés, auxiliaires... La phase de reconnaissance est donc capitale. » Les symptômes de jaunisse, s’ils sont repérés, doivent eux aussi être notifiés, en précisant la gravité, pour chaque zone. Et ce, jusqu’à la récolte afin d’évaluer une éventuelle perte de rendement. Les données sont enregistrées via un logiciel, Ulysse, et transmises au réseau national, piloté par l’ITB.

Pour chaque zone, ausculter 10 betteraves

Julien Vasseur a lui aussi débuté les observations dans les parcelles d’essais suivies. « Les plantes compagnes ont été implantées environ deux semaines avant les betteraves, sur trois bandes de la largeur du semoir, dans toute la longueur de la parcelle, explique-t-il. Selon les essais, il peut s’agir d’avoine, de féverole, de pois ou de vesce. L’objectif est de détruire ces cultures, si possible autour du stade de fin de sensibilité de la betterave aux virus, soit à la couverture de rang. Car si l’enjeu est de perturber les insectes ravageurs et d’attirer les auxiliaires, l’idée est aussi de limiter la concurrence entre ces plantes et la betterave, notamment pour l’eau, les éléments nutritifs et la lumière. » Les observations ont débuté au stade 2-4 feuilles des betteraves et, comme pour les plantes compagnes, sont renouvelées tous les 15 jours. Sur chaque zone, les feuilles de deux séries de cinq betteraves, doivent être auscultées. En plus des comptages et de l’identification des insectes présents, le protocole propose de prendre des photos pour tracer qualitativement le développement de ces couverts.

Une pression pucerons déjà importante

Au 20 mai, les betteraves atteignaient le stade 8 feuilles. « La pression des pucerons est plus importante que l’an passé, constate Pierre-Étienne Bru. Mais les populations d’auxiliaires sont, elles aussi, plus nombreuses. Participer à un tel dispositif est réellement passionnant. » Tous deux savent que les observations et les résultats issus du terrain nourriront les décisions futures pour la filière.