Semis sous-bâche. Quels bénéfices en arrachage précoce ?

Le semis sous bâche biodégradable est une technique de semis dont les avantages sont démontrés sur la culture du maïs. Concernant la culture de la betterave, l’intérêt serait de placer les graines dans des conditions optimales de levée et de développement. En effet, la bâche d’environ 7 microns d’épaisseur offrira un « effet serre » qui réchauffera de manière plus importante le sol et sera une barrière de protection contre les ravageurs et le vent.

Cela permettrait d’assurer des levées rapides et homogènes et ainsi de garantir un bon niveau de rendement dès le début de campagne. De plus, une récolte plus précoce permettrait d’arracher dans des conditions plus propices au respect de la structure du sol après la culture de betteraves. 

Comme les années précédentes, 2 essais ont été conduits sur des petites surfaces afin de mesurer l’efficacité de cette technique. Le protocole mis en place était commun aux 2 essais. L’objectif principal est de confirmer le potentiel de productivité en arrachage précoce de septembre et octobre lié au semis sous bâche.

Cette année, le semis sous bâche a été réalisé les 22 et 25 mars 2019. Un désherbage de prélevée a été effectué avant la mise en place des bâches, permettant un meilleur contrôle des adventices. Ce désherbage est primordial pour la réussite de cette méthode. En effet si ce dernier est mal effectué, les adventices pourraient aussi bénéficier de l’effet serre que procure la bâche et concurrenceraient la betterave. Enfin, une plastifieuse vient déposer un film plastique au-dessus du semis. Le chantier est donc décomposé dans le temps. L’idéal est de réduire ce laps de temps entre le semis et le plastifiage afin de bénéficier au maximum de l’effet de serre que procure la bâche.

Le tableau ci-dessous présente l’itinéraire technique réalisé sur les deux parcelles d’essai.

La bâche biodégradable utilisée sur les deux essais était identique. Cependant, nous avons observé que les vitesses de dégradation des bâches variaient fortement. Sur l’essai de Catillon-Fumechon (60), la dégradation des bâches est survenue 10 jours après son installation. Cette rapidité de dégradation est anormale, elle s’explique par la présence de mottes et de cailloux sur la parcelle, accélérant ainsi la dégradation des bâches. 

Les avantages du semis sous bâche biodégradable ont été constatés dès la levée des betteraves. En effet, les levées se sont révélées plus rapides et plus homogènes dans les parties bâchées. Cet avantage a été conservé tout au long du développement de la culture. Nous constatons que le diamètre des betteraves au 27/05 est nettement supérieur (voir photos ci-dessous) sur la partie bâchée (5 cm VS 2 cm de collet).

Pour ces essais, chaque modalité de 0,5 ha a été évaluée par des prélèvements d’échantillon (15 octobre) à partir desquels des tendances de rendement ont été établies.

À Bouchoir (80), nous constatons que le semis sous bâche engendre un gain de + 20,8 T à 16°/ha. Ce rendement couvre le coût de la technique (250 €/ha) et permet de surcroît un gain économique de 226 €/ha.

À Catillon-Fumechon (60), le semis sous bâche a été effectué dans de mauvaises conditions et le désherbage n’a pas été maîtrisé. Nous observons une perte de rendement de l’ordre de 4,8 T à 16°/ha dans cet essai.

Compte tenu de la perte de rendement ainsi que du coût de la technique, une perte économique de 350 €/ha.

Trois facteurs limitants sont identifiés sur l’essai de Catillon-Fumechon :

1. Le laps de temps entre le semis et le bâchage était important (4 jours). Les betteraves n’ont pas pu bénéficier au maximum de l’effet de serre, les levées ont été impactées.
    
2. Des problèmes de désherbage ont été rencontrés. Le passage en pré-semis n’a pas permis de limiter la pression des adventices. La forte concurrence des adventices a pénalisé le développement des betteraves.
    
3. Enfin, nous avons observé une dégradation précoce de la bâche. La bâche ayant commencé sa dégradation seulement 15 jours après le bâchage. Les betteraves n’ont pas pu bénéficier de l’effet de serre souhaité.

Les résultats de cet essai à Catillon-Fumechon sont donc à interpréter avec précaution. En effet, le semis sous bâche biodégradable est testé depuis trois ans par les équipes betteravières de Saint Louis Sucre à travers le programme Mont-Blanc et le gain moyen de la technique s’élève à + 15 T à 16°/ha.

Avec la technique du semis sous bâche, on peut accroître les rendements de la culture, notamment en cas d’arrachage précoce. Depuis 3 ans, le gain moyen du semis sous bâche s’élève à 15T/ha. Cependant, le coût de la technique (+/-250€/ha), le faible débit de chantier (plastifieuse 4 rangs ou semoir 6 rangs tout équipé), la gestion du désherbage sont des points à prendre en compte.