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Pour Bertrand Dupré, planteur dans la Somme, la féverole est une découverte. Il la cultive seulement depuis trois campagnes sur 7 hectares dans le cadre du programme d’expérimentation de Saint Louis Sucre. Il retient avant tout la dynamique collective autour de ce projet. « On ne se sent pas seul », apprécie-t-il, en référence au suivi technique et aux visites d’essai. D’ailleurs, l’agriculteur juge la culture « relativement facile », mais insiste sur quelques points de vigilance : l’implantation, la densité de semis, le désherbage et la gestion des ravageurs.

En 2024, Bertrand Dupré avait atteint près de 7 tonnes par hectare, un rendement très au-dessus de la moyenne. Cette année, le déficit hydrique sur la période de floraison a pénalisé la culture. Mais cela ne remet pas en cause son engagement.

Bertrand Dupré estime que le projet de Südzucker autour de la féverole « peut ouvrir la voie à une filière cohérente et pérenne ».
Bertrand Dupré estime que le projet de Südzucker autour de la féverole « peut ouvrir la voie à une filière cohérente et pérenne ».

Atouts agronomiques à l’échelle de la rotation

Rémi Minardt, planteur dans l’Oise, lui, connaissait déjà la féverole mais avait arrêté à cause des bruches. « Les marchés à l’export n’en voulaient pas, on ne répondait plus au cahier des charges », raconte-t-il. Aussi, il l’a réintroduite sur 6 hectares, grâce au contrat de Saint Louis Sucre qui accepte jusqu’à 50 % de grains bruchés. Une autre partie est destinée à sa coopérative. De plus, il n’a pas hésité à rejoindre le programme expérimental du plan protéines végétales de Südzucker car il connaît les nombreux bénéfices agronomiques de cette légumineuse. Elle permet de réduire les apports d’azote. En qualité de culture de printemps, elle fait partie des leviers agronomiques pour désherber et a de l’intérêt pour diversifier la rotation sur les terres sans légumes.

Rémi Minart apprécie de « collaborer avec une entreprise qui, j’en suis convaincu, continuera à apporter de la valeur ajoutée à nos exploitations ».
Rémi Minart apprécie de « collaborer avec une entreprise qui, j’en suis convaincu, continuera à apporter de la valeur ajoutée à nos exploitations ».

Apporter plus de valeur sur les exploitations agricoles

Pour Bertrand Dupré, la féverole répond également à une logique économique. « Je ne la cultive pas pour les points PAC car mon assolement est déjà très diversifié. Je veux que la féverole soit rentable et durable ». Avec l’étude d’unité de transformation de féveroles qui serait adossée à la sucrerie de Saint Louis Sucre, les deux planteurs croient dans la structuration d’une nouvelle filière locale. « Cela permettrait de créer de la valeur sur le territoire et d’avancer encore plus vers la décarbonation », insiste Bertrand Dupré. En effet, l’usine déjà construite en Allemagne utilise toute la biomasse à des fins énergétiques et fonctionne en parallèle avec le photovoltaïque.
Rémi Minart estime aussi que « ce projet industriel demande d’avancer prudemment. Le marché végan est incertain, on parle maintenant de nutrition sportive ».
Tous deux envisagent de poursuivre la culture en 2026, avec la volonté de consolider les bases techniques et économiques du projet. Et surtout d’aider à l’amener à son terme.