
France 2030 : Saint Louis Sucre, un exemple de transition agroécologique collective
Nos usines Le 06/06/2025À Roye, la visite d’Annie Genevard confirme la solidité du projet agroécologique de Saint Louis Sucre. Porté par une alliance étroite avec les planteurs, il renforce la compétitivité de la filière et s’illustre avec un dossier salué par la ministre dans le cadre de l’AMI PRAAM.

Le 10 avril, sur le site industriel de Roye dans la Somme, Saint Louis Sucre a reçu la visite d’Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, ainsi que de Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement chargé de France 2030.
Le matin même, la ministre lançait officiellement un nouveau guichet France 2030 : 90 millions d’euros mobilisés pour soutenir les projets répondant à l’Appel à manifestation d’intérêt PRAAM (Prise de risque amont aval et massification de pratiques visant à réduire les produits phytopharmaceutiques). Saint Louis Sucre figure justement parmi les candidats, avec un dossier que la ministre a qualifié « d’exemplaire ».

Une démarche collective
« Saint Louis Sucre est l’expression de l’agriculture du futur », a affirmé Annie Genevard, saluant également la solidarité « remarquable » avec les producteurs de betteraves pour soutenir la transition agroécologique. Bruno Bonnell n’a pas manqué de souligner la cohérence du dossier déposé par l’entreprise : « Saint Louis Sucre incarne parfaitement l’esprit du dispositif PRAAM : associer toute la chaîne de valeur. »
Engagé depuis 2023 dans un programme d’agriculture régénératrice, Saint Louis Sucre implique déjà 300 planteurs — contre 20 la première année — avec l’objectif d’en mobiliser 900 d’ici à 2030. De plus, l’entreprise pilote depuis 2014, avec les planteurs, le programme d'expérimentations Mont Blanc.
Pour Thomas Nuytten, directeur betteravier chez Saint Louis Sucre, la force du projet tient à cette dynamique collective. Une stratégie : tester, valider, déployer. « Nous évaluons des alternatives. Si nous ne le faisons pas, la filière betteravière serait fragilisée à moyen terme à cause du réchauffement climatique et de l'évolution des bioagresseurs. Par conséquent, nous prenons nos responsabilités », souligne-t-il.
Dialogue direct entre planteurs et pouvoirs publics
La visite a aussi permis aux planteurs de s’adresser directement à leur ministre. Hervé Davesne, agriculteur dans l'Oise, voit cette venue comme un signal fort de reconnaissance par les pouvoirs publics de l’engagement de l’entreprise et de ses partenaires. « Le monde agricole est prêt à prendre le tournant, mais il faut le faire avec des garanties, rappelle-t-il. Or, les marges de manœuvre des planteurs se réduisent avec le retrait progressif des matières actives et le renforcement des contraintes environnementales. »
Il a également attiré l’attention d’Annie Genevard sur l’importance d’une recherche ancrée dans les réalités du terrain. « Ici, avec le programme Mont Blanc, pas de micro-parcelles ! Des hectares entiers servent de laboratoire vivant à la transition agroécologique. Nous avons des protocoles d’essais rigoureux et des résultats que nous transposons l’année suivante », témoigne-t-il.
Pour Hervé Davesne, la transition ne pourra réussir que si des garde-fous sont en place. Le programme Mont Blanc comporte une prise de risque réelle. Saint Louis Sucre doit donc articuler ses garanties avec des aides publiques efficaces. L'agriculteur appelle aussi à une simplification du crédit impôt recherche (CIR), « aujourd’hui difficilement accessible aux agriculteurs qui font de l’expérimentation ».

Compétitivité et souveraineté
Cette dynamique d’expérimentation s’inscrit dans une stratégie plus large de renforcement de la compétitivité. « Dans le cadre de notre dossier PRAAM, nous portons aussi un plan d’investissement collectif dans les technologies de précision, insiste Thomas Nuytten. Certains équipements dépassent le million d’euros. Les agriculteurs ne peuvent pas y accéder seuls. Il faut les aider à se doter de ces équipements afin de renforcer leur autonomie. »
Ce que confirme Hervé Davesne : « France 2030 contribue à démocratiser l’accès à du matériel qui est hors de portée pour les exploitants individuels ». Ainsi, le programme prévoit notamment l’achat mutualisé de quatre robots Ecorobotix par des groupes de planteurs.
Les lauréats de l’AMI PRAAM seront connus à l’automne. « Nous sommes optimistes, assure Thomas Nuytten. Nous défendons un modèle agricole où l’innovation technique va de pair avec l’équilibre économique. »

« Produire autrement, oui. Mais il faut que ce soit viable pour chaque maillon de la chaîne. Dans le cadre de notre dossier PRAAM, notre objectif est d’avoir une filière betteravière compétitive tout en explorant de nouvelles pratiques. »



