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Dans le cadre des essais PNRI, l’équipe agronomique de Saint Louis Sucre collabore avec un panel d’agriculteurs. « Nous nous sommes entourés d’agriculteurs expérimentateurs représentatifs de l’ensemble des systèmes de production de notre territoire, précise Ophélie Bolingue, responsable agronomique. Ils sont ouverts d’esprit et prêts à prendre des risques sur la culture pour faire progresser la recherche. » Ces essais, demandés par l’ANSES, sont primordiaux pour trouver des alternatives aux néonicotinoïdes. Tous les acteurs de la filière betteravière participent à la validation et à la réalisation des protocoles. Les notations sont saisies sur un logiciel commun, l’ITB se chargeant de la synthèse des données. « Nous travaillons tous dans un esprit filière pour défendre les intérêts de chacun, agriculteur comme industriel. Cette coopération est motivante et essentielle pour notre avenir. »
 

Il faudra certainement combiner plusieurs leviers pour obtenir des résultats concluants

Au programme : bandes fleuries et plantes compagnes

L’équipe technique suit différents protocoles basés sur la mise en place de bandes fleuries et de plantes compagnes. « Ces essais demandent un travail de suivi conséquent pour nos inspecteurs de culture qui s’investissent entièrement, souligne la responsable agronomique. C’est aussi un moyen pour eux de communiquer auprès des planteurs et d’expliquer les techniques étudiées et leurs objectifs à court terme. » L’équipe Saint Louis Sucre estime que ces recherches sont enrichissantes puisqu’elles permettent de s’ouvrir à d’autres pratiques et de répondre aux réglementations futures de la France et de l’Europe. « En Allemagne, les bandes fleuries ont montré leur efficacité. Pour autant, il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. Nous pensons qu’il faudra certainement combiner plusieurs leviers pour obtenir des résultats concluants. C’est ce que nous étudions au-delà du programme de l’ANSES. »
 

Prendre des risques pour progresser

CÉDRIC DESMEDT
Agriculteur à Saint-Just-en-Chaussée dans l'Oise, Cédric Desmedt travaille un assolement commun avec trois autres exploitants. Déjà impliqué dans les essais du programme Mont Blanc, il rejoint cette année le réseau d’expérimentateurs PNRI. « Ces essais sont une opportunité pour aborder de nouvelles approches de la culture et ne pas se limiter aux acquis. En semant des betteraves sans traitement de semences, j’accepte de prendre un risque. Dans deux ans, nous n’aurons de toute façon pas d’autres choix que de cultiver la betterave sans néonicotinoïdes, autant s’y préparer. » Pour installer la bande fleurie, Cédric Desmedt a choisi une parcelle de 13,80 ha jouxtant une autre parcelle qui sera emblavée en betteraves en 2023. « L’idée était de trouver deux assolements consécutifs pour pouvoir semer une bande fleurie qui restera en place deux années de suite. Cette modalité nous permettra de suivre l’évolution des populations d’insectes, auxiliaires comme ravageurs, et de mesurer l’effet sur la culture. » Afin qu’elle soit bien installée avant l’implantation des betteraves, la bande fleurie a été semée dès cet automne avec un mélange d’une trentaine d’espèces (légumineuses, coriandre, avoine, seigle, lin, etc.) sur 5 m de large et 500 m de long. Cette diversité devrait fournir une floraison plus étalée et davantage de biomasse. « À mon sens, il n’y aura pas une solution unique mais plusieurs combinaisons possibles pour remédier aux néonicotinoïdes. J’espère que des alternatives concrètes seront possibles et transposables sur nos exploitations, avec des bénéfices technico-économiques. »
 

Ces essais attisent ma curiosité d’autant plus que le compte à rebours est lancé.

Concevoir d'autres techniques

SÉBASTIEN GALLAND

Sébastien Galland exploite 120 ha dont 20 ha de betteraves, à Emanville dans l’Eure. Il fait partie des fermes Dephy et participe aux expérimentations PNRI depuis leur mise en place en janvier 2021. « Intégrer ces nouveaux protocoles d’essais fait partie de ma philosophie de travail et de ma conception de l’agriculture. Je limite le recours aux produits phytosanitaires dès que possible. C’est pourquoi ces essais sont importants pour nous, producteurs de betteraves. J’espère qu’ils vont nous permettre de trouver de vraies solutions simples pour limiter les populations de pucerons. Nous en avons besoin car l’utilisation d’insecticides appliqués en végétation n'est pas sans risques sur les auxiliaires. »

En 2021, il a mis à disposition une parcelle de 5 ha pour effectuer les essais. Pour la campagne prochaine, la surface sera doublée. « Au printemps, nous avons semé des betteraves sous couverts de plantes compagnes. Dans un système où nous réduisons les interventions chimiques pour le désherbage, nous avons recours à la bineuse. Cette solution mécanique détruit les plantes compagnes associées, c’est toute la difficulté de cette technique. » Prochainement, l’agriculteur prévoit de semer une bande fleurie au milieu de sa parcelle, sur une largeur de 3,50 m. « Sur des bandes fleuries déjà installées depuis plusieurs années, les insectes sont bien présents. Nous verrons ce qu’il en est sur une bande plus jeune. »

Ces essais de plein champ sont indispensables pour obtenir des réponses.