Les couverts végétaux font le buzz chez les apiculteurs !
Semer et fertiliser Le 22/12/2025Qui a dit qu’agriculture et apiculture ne faisaient pas bon ménage ? Sûrement pas Benoît Guilbert, ni Frédéric Raviart. Si le premier laisse volontiers les abeilles du second butiner ses couverts végétaux, c’est parce que ce partenariat ne présente que des avantages.
Installé depuis 2019 sur 170 ha de grandes cultures à Bucquoy dans le Pas-de-Calais, Benoît Guilbert s’est toujours passionné pour l’agronomie et plus particulièrement pour la vie du sol. Très engagé dans l’agroécologie et les techniques de conservation du sol, il n’hésite pas à tester de nouvelles pratiques. Son père avait, dès les années 1990, exploré le sujet des couverts végétaux. Une pratique qui, au fil des années, a pris de l’ampleur sur la ferme et s’est intensifiée en 2015 avec l’arrêt du déchaumage. « Aujourd’hui, plus aucun sol n’est laissé nu », précise-t-il.
Des atouts agronomiques et apicoles
Pour choisir ses mélanges, Benoît Guilbert regarde bien évidemment les atouts de chaque espèce pour capter l’azote de l’air, stocker du carbone, produire de la matière organique, limiter l’érosion ou permettre au sol de mieux résister aux manques ou aux excès d’eau. « Mais j’opte de préférence pour des espèces mellifères dont la floraison s’échelonne tout au long de la vie du couvert, poursuit-il. Quand je me suis installé agriculteur, j’ai testé l’apiculture mais je me suis vite aperçu que c’était un métier à part entière. » Convaincu de l’intérêt d’échanger sur ses pratiques, il s’est rapproché d’apiculteurs professionnels, en l’occurrence de Frédéric Raviart. « Depuis, j’accueille chaque année une vingtaine de ses ruches, sur les 200 qu’il gère, ajoute l’agriculteur. Avec lui, je visualise l’impact positif de mes pratiques sur le comportement de ses abeilles. C’est une vraie prise de conscience sur le sens à donner à mon travail. »
Les abeilles apprécient la diversité des espèces
À l’image de la récolte de miel de 2025, les abeilles semblent apprécier. « Benoît a choisi un mélange de neuf espèces, c’est à dire du millet, de la phacélie, du tournesol, de la vesce, du niger, du moha, du sarrasin, du chia et de la lentille, se souvient Frédéric Raviart. Il les a semées sur 15 ha début juillet, dès la récolte de ses pois ».
Le climat ayant été propice, le couvert s’est vite développé et la floraison s’est enchainée jusqu’à l’automne : d’abord le sarrasin puis la phacélie et enfin le tournesol. « En temps normal, début octobre, je nourris mes abeilles avec du sirop de sucre mais dans les ruches installées à proximité de ces couverts, ce n’est pas nécessaire, précise-t-il. Les ruches débordaient de miel. Les abeilles ont même construit de nouvelles alvéoles et le nombre d’abeilles par colonie est cette année exceptionnellement élevé. J’ai pu réaliser une récolte supplémentaire de miel, juste avant la destruction du couvert au moment du semis du blé. Du jamais vu ! »
La diversité des espèces implantées et une floraison qui s’étire sur une longue période soutiennent donc l’alimentation et la bonne santé des abeilles. « Cela me permet aussi de varier la production de miel », ajoute Frédéric Raviart.
Côté agriculteur, ce couvert implanté en interculture très courte a produit plus de 6 tonnes de matière sèche. De quoi bien nourrir le sol !
« L’apiculture, c’est un peu mon OAD »
Même si Benoît Guilbert reconnaît que son objectif premier n’est pas de produire des fleurs ou du miel, participer à accroître la biodiversité dans ses parcelles est un réel plus. « À condition bien sûr que cela n’ait pas d’impact sur ma production de betteraves, confie-t-il. En termes de gain de rendement sur ses productions, la présence d’abeilles est difficilement quantifiable », admet le planteur. Mais, il a une certitude, si la météo est bonne pour la production de miel, elle le sera aussi pour ses cultures.
« L’apiculture, c’est un peu mon OAD, s’amuse-t-il. Et bien évidemment, je raisonne mes interventions en fonction de l’activité des ruches : pas question de les perturber. Pour cela, je traite, si besoin, tôt le matin ou tard le soir. Finalement, intégrer l’activité des abeilles dans mon quotidien, c’est juste du bon sens. »
