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Dans le cadre de sa formation Badge à l’Institut Polytechnique UniLaSalle, Pierre-Henry Buleux a choisi d’étudier la technologie Conviso Smart. Cette innovation repose sur une variété de betterave tolérante à l’herbicide Conviso One de Bayer. Au mode d’action racinaire et foliaire, il contient deux inhibiteurs de l’ALS (Acétolactate synthase) : le foramsulfuron et le thiencarbazone-methyl. Le gène de tolérance à l’ALS provient d’une mutation naturelle isolée par le semencier KWS. 

Dans ce cadre, Pierre-Henry Buleux évalue le potentiel de Conviso Smart pour réduire l’IFT herbicide en betterave sucrière. En effet, le désherbage chimique pèse pour 54 % des IFT de la culture. Toutefois, cette technologie n’exige que deux passages. Le premier intervient au stade deux feuilles vraies des chénopodes, le second 10 à 15 jours plus tard.
Dans un contexte de retrait progressif des molécules et de pression sociétale sur l’usage des produits phytosanitaires, la technologie Conviso Smart pourrait être un levier.
Mais peut-on généraliser son usage ?

Simplicité d’usage et gain en efficacité

En désherbage classique, un programme complet nécessite 3 à 5 interventions, pour un IFT moyen de 2,8, pouvant même dépasser 5 sur certaines parcelles. Avec Conviso Smart, deux applications suffisent, pour un IFT moyen de 1,64, soit une baisse de 40 %.

Par exemple, sur les terres de craies du plateau picard, très sensibles au salissement, un programme classique atteint jusqu’à 5,02 d’IFT pour un coût de 189 €/ha. Le programme Conviso Smart à deux passages revient à 256 €/ha (semence incluse), avec un IFT de 1,64. Le surcoût de 67 €/ha correspond à environ 2 tonnes de betteraves, un seuil jugé « acceptable » si le rendement suit.
Autre avantage : en 2022, année marquée par un printemps sec, le Conviso Smart a montré une efficacité constante. À l’inverse, les programmes classiques ont nécessité plus de passages pour une efficacité réduite. L’outil se révèle donc plus stable dans les années avec une météo difficile.

Proposition d’expérimentation

Dans le cadre du programme Mont Blanc, Pierre-Henry Buleux suggère d’expérimenter un programme mixte. Le premier passage chimique (Conviso One + partenaires) est alors suivi de deux passages mécaniques. Ce scénario permettrait de descendre jusqu’à 1,3 d’IFT herbicide, soit -75 % par rapport à un programme classique. Il estime le coût du désherbage à 163 €/ha contre 169 €/ha en conventionnel, à condition de faire appel à une ETA pour le binage.

Le système Conviso Smart exige certaines précautions. Les substances ALS, déjà utilisées sur céréales ou colza, sont connues pour favoriser l’apparition de résistances. Leur emploi sur betteraves renforce ce risque. « C’est un élément bloquant pour les agriculteurs en système céréales-betteraves car l’utilisation des ALS est possible sur chaque culture », estime Pierre-Henry Buleux. De surcroît, les stratégies de désherbage durable, à l’échelle d’une rotation, recommandent l’alternance des modes d’action pour contenir le risque de résistance, notamment du ray-grass.

Autre point de vigilance : les betteraves « sauvages » issues de variétés Conviso Smart. Si elles montent à graines et se ressèment dans les rotations, elles deviennent résistantes aux herbicides ALS utilisés dans d’autres cultures. Elles ne seront alors plus maîtrisées par ces traitements. Une épuration rigoureuse de ces plantes montées est donc indispensable pour éviter toute repousse de semences sauvages de variétés Conviso Smart.

Un outil à réserver aux situations de fort salissement

Pierre-Henry Buleux conclut que cette technologie s’insère pleinement dans les démarches agroécologiques. Elle simplifie le désherbage et limite les intrants sans bouleverser les pratiques. Couplée à d’autres leviers (désherbage mécanique, variétés Cerco+ pour la cercosporiose), elle permettrait une réduction de 50 % de l’IFT global en betterave.
Cependant, bien que certaines variétés Conviso Smart apportent des rendements proches des témoins, d’autres restent en dessous de 96 % de productivité.
Des variétés plus performantes et tolérantes aux ALS sont encore en développement, le choix pour certains planteurs reste donc actuellement limité.

Par conséquent, les betteraves Conviso Smart sont à utiliser avec discernement, uniquement dans des situations de fort salissement ou de betteraves sauvages.