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La féverole et Aymeric de Wazières, c’est d’abord une histoire de famille ! Son père la cultivait déjà pour un usage industriel. « Je l’ai toujours vue dans nos champs et toujours appréciée, complète-t-il. C’est une plante qui n’est pas compliquée à semer en février, période plus creuse de l’activité. Bonne tête d’assolement, elle casse le cycle des céréales et de leurs bioagresseurs. » Il avoue même être fier de la cultiver car « peu d’agriculteurs la considèrent comme une culture de rente ». C’est donc avec enthousiasme qu’il a accepté la mission que lui a confiée Saint Louis Sucre en février : accompagner, du semis à la récolte, cinq planteurs engagés dans le projet Plan protéines lancé cette année par le groupe Südzucker. « Ce projet, j’y crois, précise-t-il. Augmenter la production de protéines végétales, c’est dans l’air du temps. La PAC valorise cette culture avec les aides découplées dont les écorégimes. »

Récolte de féverole espérée prometteuse

Destinée à un usage agroalimentaire, certifiée, la variété de féveroles choisie par Saint Louis Sucre est différente de celles semées pour couvrir les sols.
Pour sa part, Aymeric de Wazières consacre un tiers de sa surface au projet Plan stratégique protéines Saint Louis Sucre. Premier constat : « La féverole retenue par Saint Louis Sucre est bien plus développée que celle que je cultive habituellement », partage-t-il. L’implantation de cette légumineuse se révèle aussi réussie grâce à un semis précoce au 15 février. Les graines ont bénéficié de bonnes conditions d’humidité du sol pour germer. Celles-ci ont d’ailleurs été maintenues jusqu’à la floraison début juin. Néanmoins, la formation des fèves se déroule sur une période longue, de juin à juillet. « Si en juin, au moment du remplissage des fèves, les pluies sont au rendez-vous, nous devrions avoir un bon rendement, partage Aymeric de Wazières. Les meilleures années, j’ai fait 70 quintaux ! » Ce sera donc un cru féverole 2023 avec huit étages de feuilles ?

Pas de pression des bioagresseurs

Autre indicateur en faveur d’un rendement dans la fourchette haute : le bon état sanitaire des cultures début juin. Les points de vigilance en début de cycle concernent le désherbage. Un passage en prélevée avec un programme composé d’herbicides racinaires a été effectué. Ensuite, des stades 1 à 6 feuilles, la surveillance s’est concentrée sur les sitones qui perforent les feuilles. « Cette année nous n’avons pas eu d’attaque et donc nous n’avons pas déclenché de traitements insecticides », observe-t-il. S’il fait chaud, les pucerons noirs peuvent s'installer sur la culture : « De la même manière, l’objectif est d’éviter au maximum de traiter. Alors en parallèle, nous contrôlons la présence des auxiliaires comme les syrphes pour évaluer le degré de régulation naturelle ».
Cette année, avec un printemps assez pluvieux, ces deux insectes ne sont pas une menace pour les féveroles. Quant à la bruche, dont les larves perforent les fèves, elle est surveillée dès la formation des fleurs.

En revanche, les pluies ont été favorables au déclenchement des interventions fongicides contre la rouille et l’anthracnose. Deux fongicides (triazole + strobilurine) ont été appliqués suite au dépassement des seuils de nuisibilité. En moyenne, selon les années, le coût de la protection ne dépasse pas 80 euros/ha dont 60 pour les herbicides. « La féverole à usage agro-industriel est une culture rentable à partir de 35-40 q/ha selon le prix de vente », souligne Aymeric de Wazières.

Aymeric de Wazières

Outre la gestion de la ferme familiale de 160 ha localisée à Beauval dans la Somme, Aymeric de Wazières conseille déjà des producteurs de lin. Familier avec les cahiers des charges des industriels, il connaît les contraintes techniques et sanitaires exigées sur la qualité des lots de graines.