Essais d’inoculation des virus de la jaunisse, visuellement impressionnants

C’était une visite de plateforme très attendue par les inspecteurs de culture de Saint Louis Sucre tant le sujet « solutions contre la jaunisse » est fondamental pour la filière betteravière. Le 23 août, l’équipe a arpenté la plateforme expérimentale SAS*-ITB installée à Hangest-en-Santerre dans la Somme chez un planteur Saint Louis Sucre. « L’objectif des microparcelles d’essais est d’évaluer le comportement des betteraves déjà commercialisées et de celles en expérimentation face à une très forte attaque de trois virus de la jaunisse, explique Ophélie Bolingue, responsable agronomique Saint Louis Sucre et qui encadre l’essai avec le SAS-ITB. La voie génétique se révèle un des axes prometteurs dans le cadre d’une stratégie de protection alternative aux néonicotinoïdes. » En attendant l’arrivée des nouvelles variétés de betteraves tolérantes à la jaunisse, cette vitrine permet de repérer pour 2024 celles déjà commercialisées qui sortent du lot en conditions extrêmes de maladie. Ainsi, le 1^er juin, les 324 microparcelles accueillant 36 variétés « anti-nématodes en terrain sain » et 45 variétés « rhizomanie » ont été inoculées selon un protocole défini par l’ITB. Des feuilles contaminées par les virus et fixées sur des tuteurs ont été placées au sein des betteraves. Les pucerons ont fait le reste. Les témoins ont reçu une protection insecticide classique : une application de Teppeki puis deux passages de Movento.

L’œil ne fait pas tout, verdict à la récolte

Cette expérimentation est visuellement très impressionnante, marquée par des camaïeux de jaune. « Voir le comportement des variétés, c’est très intéressant, partage Pierre-Étienne Bru, inspecteur de culture. Je suis impatient de consulter les résultats car chaque variété réagit différemment et il n’y a pas toujours de corrélation entre la couleur des feuilles et le niveau de rendement. » 

Autre point important, cet essai met à l’épreuve la stratégie de protection des betteraves avec les insecticides foliaires contre les pucerons. « Évaluer l’efficacité des programmes insecticides selon chaque variété nous permet d’affiner nos recommandations dans cette période de transition et avant l’arrivée de betteraves caractérisées par un haut niveau de tolérance à la jaunisse », complète Pierre-Étienne Bru.

Pour les résultats, il faudra attendre la consolidation des données de rendement et des observations de toutes les plateformes du réseau SAS-ITB. « C’est bien la mutualisation des notations et des analyses qui donnera les premières tendances sur le comportement des variétés de betteraves face aux virus de la jaunisse », conclut Ophélie Bolingue.

*SAS : Service agronomique des sucreries