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En connaissant mieux les critères et pratiques culturales qui améliorent le bilan carbone des rotations betteravières, Saint Louis Sucre souhaite aider les planteurs à décarboner leur activité. Comment ? « Avec des actions simples et réalisables, sans bouleverser fondamentalement les systèmes de production », répond Thomas Nuytten, directeur betteravier Saint Louis Sucre. La neutralité carbone devient obligatoire dans l’Union européenne pour l’ensemble des entreprises à horizon 2050. « Südzucker a mis en place en 2022 sa politique groupe Get The Power of Plant 2026 + dans laquelle les éléments de durabilité environnementale et de réduction des GES sont prioritaires », ajoute-t-il.

Comment varie le stock de carbone dans les sols des régions betteravières ?

C’est dans ce cadre que s’inscrit l’étude* menée par Ughau Debreu de février à septembre 2022. Alors étudiant à l’école d’ingénieurs UniLaSalle, il a exploré tous les critères entrant dans le mécanisme de stockage du carbone et ceux économisant les émissions de GES sur la ferme agroécologique d’Étrépagny. Pour réaliser ses mesures, il s’est appuyé sur deux logiciels de suivi du carbone déjà agréés pour obtenir le Label bas-carbone en grandes cultures : Sysfarm et Carbon extract d’Agrosolutions, filiale d’InVivo.

Résultats : les bénéfices du changement de rotation en deux ans sont déjà visibles. « Les deux logiciels montrent que l’on stocke du carbone à Étrépagny, explique-t-il. En 2022, le stockage de carbone est 83,63 TeqCO2/an, soit 1,22 TeqCO2/ha/an contre 22,73 TeqCO2/an, soit 0,31 TeqCO2/ha/an sur la période 2018-2020. » Des co-bénéfices ont aussi été mesurés sur la qualité de l’eau, de l’air et la préservation des cultures avec une note de 4,3 sur 5 en moyenne selon Carbon extract.
 

Rôle majeur des couverts végétaux pour stocker le carbone

Sur la ferme agroécologique, tous les crédits carbone sont pratiquement obtenus grâce aux couverts végétaux compte tenu du volume de biomasse laissé au sol. Ils sont à privilégier en mélange avec une mention spéciale pour le radis chinois (1,33 T eqCO2/TM). La culture de betterave permet grâce à sa biomasse de stocker du carbone avec une moyenne de 2,41 T eqCO2/ha/an. 

Côté émissions de GES, ce sont les engrais azotés les plus émetteurs, néanmoins l’ammonitrate révèle un meilleur bilan. La mise en place d’inhibiteurs diminue légèrement les émissions de GES des engrais azotés et cela jusqu’à 11 % mais implique un investissement conséquent. La solution se retrouve du côté de l’introduction de légumineuses et de la fertilisation organique pour les élevages.

À noter : le taux d’argile, de calcaire ainsi que le pH et le rapport C/N influencent fortement sur la minéralisation du carbone et donc sur son stockage dans le sol.

Plafond de verre de 6 t de matières sèches produites par ha

Suite à cette étude, des premiers bilans carbone ont été effectués chez des planteurs afin de baisser leurs émissions de GES. « Dans l’absolu, on pourrait arriver à 6 tonnes de matières sèches produites par ha et par an soit 4,2 T eqCO2ha/an grâce aux couverts en inter-cultures possédant un fort potentiel en biomasse, prévoit Ughau Debreu. Néanmoins, on ne pourra pas avoir zéro émission de GES. Il faudra toujours des intrants pour produire, ne serait-ce que l’énergie pour les agroéquipements ! ».

Et il y a aussi un autre élément qu’Ughau Debreu stocke désormais : son diplôme d’ingénieur. Il poursuit sa mission au sein du service betteravier de Saint Louis Sucre.

Source Sysfarm
Source Sysfarm
Source Saint Louis Sucre
Source Saint Louis Sucre