En 2022, l’agroécologie au cœur des essais Mont Blanc

Déployé depuis 2015 par Saint Louis Sucre, le programme Mont Blanc s’enrichit, au fil des années, de nouveaux essais grandeur nature. À l’origine, l’enjeu était d’identifier les leviers pour accroître la productivité de la betterave tout en diminuant ses coûts de production. Si cet objectif premier reste encore d’actualité, d’autres critères sont désormais pris en compte, à commencer par ceux liés à l’agroécologie.

En six ans, les thématiques abordées au sein du programme Mont Blanc ont été nombreuses : techniques de préparation de sol avant l’implantation des betteraves, gestion de la fertilisation azotée, choix variétaux, semis de couverts en interculture, protection raisonnée des cultures, gestion de la conservation des silos... Le choix des essais évolue avec les nouvelles réglementations et les préoccupations de la filière betterave. « L’idée, c’est d’anticiper », résume Ughau Debreu, apprenti ingénieur de l’UniLaSalle-Rouen qui suit les essais depuis deux ans. 

Ughau Debreu

Miser sur l’interactivité entre les planteurs et les équipes de Saint Louis Sucre

Si la quête d’une meilleure productivité de la culture de la betterave reste au cœur des essais, bon nombre d’agriculteurs souhaitent également tester de nouvelles pratiques agronomiques au sein de leur propre exploitation pour, notamment, réduire le recours aux produits phytosanitaires et, plus largement, limiter l’impact de leurs pratiques sur l’environnement. Toute la dynamique du projet réside dans cet échange permanent entre les équipes de Saint Louis Sucre et les planteurs pour identifier les thèmes d’actualité. Une démarche de progrès, testée grandeur nature, dans les conditions d’exploitation des 60 agriculteurs-partenaires. « Chaque essai est implanté sur au moins deux hectares. Cela nous permet de constituer un silo par modalité, rappelle Ughau Debreu. C’est un réel plus car les traditionnels essais en micro-parcelles, d’une surface moyenne de 10 m2, ne permettent pas de tester précisément des pratiques tels que le travail du sol ou le désherbage mécanique. Chaque modalité regroupe la pratique habituelle de l’agriculteur, comparée à une nouvelle que l’on souhaite tester. Lors du ramassage, tous les camions de chaque modalité d’essai seront analysés au centre de réception afin d’avoir des résultats précis. »​ 

Une dynamique pour multiplier les essais

« Certaines pratiques se sont déjà faites remarquer positivement dans les essais, à l’image du travail du sol au strip-till. Pas question pour autant de tirer des conclusions trop hâtives, explique Ughau. Nous savons que les données recueillies restent dépendantes du climat de l’année, du type de sol de la parcelle, des pratiques dans les cultures précédentes... D’où la nécessité de multiplier les répétitions pour affiner les conclusions avant de déployer à plus grande échelle d’éventuelles préconisations. » Chaque essai donne de nouvelles pistes de réflexion pour faire évoluer les pratiques. Et pour certaines techniques, ce n’était pas gagné d’avance. « Souvenez-vous, rappelle-t-il, au départ, personne ne croyait au strip-till ! Alors qu’aujourd’hui, ce matériel suscite de plus en plus d’intérêt. Le fait de mener les essais au sein de leurs propres parcelles incite les agriculteurs à s’y intéresser de près. Cela crée une réelle dynamique entre planteurs.»

En 2022, quatre sujets phares

Pour 2022, l’agroécologie devrait de nouveau occuper une place importante dans les essais Mont Blanc, via plusieurs thématiques. Parmi elles, la fertilisation azotée. « Alors que ces derniers mois ont enregistré une forte hausse du prix des engrais azotés, optimiser leur application, en testant différentes pratiques d’épandage et plusieurs formulations, nous semble essentiel. Des solutions tels que les couverts végétaux pourraient permettre de réduire cette fertilisation. » Par ailleurs le nombre d’herbicides chimiques se réduit campagne après campagne, le désherbage mécanique est une option à développer pour réduire les IFT. Plusieurs techniques vont de nouveau être testées : roto-étrille seule ou associée au binage, herse étrille... mais aussi le robot FarmDroïd FD 20 dont l’efficacité a été démontrée en 2021. Cette technologie dont le potentiel d’évolution technique est large, mérite en effet d’être approfondie. L’agriculture de conservation des sols (ACS) restera également l’un des sujets phares des essais, notamment au moment de l’implantation (Strip-till comparé au labour et l’impact sur la gestion du désherbage), tout comme l’implantation de jachères fleuries pour mesurer leur impact sur la pression ravageurs.