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Ce 18 juin, lors de la réunion organisée à Hangest-en-Santerre (80) avec les planteurs engagés dans le plan protéines de Saint Louis Sucre, Ughau Debreu, responsable de la durabilité agricole, n’a pas caché la fierté de l’entreprise en présentant le bilan agronomique de 2024. Les planteurs français se démarquent avec un rendement moyen de 5,39 t/ha en moyenne contre 3,96 t/ha en moyenne pour les autres zones de Südzucker.

« Parmi les quatre pays du programme de Südzucker, la France est retenue comme la plus intéressante pour la production de féveroles  », assure Ughau Debreu.

Une filière encore en construction

Alors bien évidemment, l’attente est forte de voir sortir de terre une usine chez Saint Louis Sucre en France. « Nous procédons par étape, puisque celle d’Offstein, en Allemagne, vient tout juste de démarrer en avril », prévient Ughau Debreu. Les premiers tests ont eu lieu fin avril, la production a démarré mi-mai, et la pleine capacité est attendue pour juillet. « Les ventes de la filiale de Südzucker, BENEO ProtiGreen, sont très encourageantes, assure-t-il. Nous avons des débouchés dans l’alimentation humaine, notamment les filières végan ». Néanmoins, Südzucker doit d’abord tester plus longuement le marché avant d’ouvrir d’autres sites.

Effet sol, semis et conduite : des écarts nets

Profitant de la présence d’Aymeric de Wazières, l’expert technique qui accompagne le groupe, les planteurs ont suggéré de mettre en place pour la prochaine campagne un bulletin technique régulier. Il viendrait compléter les tours de plaine, même si tous s’accordent à dire que « la féverole est une culture plutôt facile, avec juste des points de vigilance sur les bioagresseurs et dont les résultats sont très liés aux conditions pédoclimatiques ».

Aymeric de Wazières, agriculteur à Beauval dans la Somme, est également conseiller technique pour le programme féveroles de Saint Louis Sucre.
Aymeric de Wazières, agriculteur à Beauval dans la Somme, est également conseiller technique pour le programme féveroles de Saint Louis Sucre.

Justement, sur le terrain, les contrastes sont nets. La première parcelle visitée, située à Hangest-en-Santerre, affiche un bon potentiel. Implantée le 18 mars en TCS sur sol profond derrière un blé, elle a reçu un désherbage, deux insecticides et aucun fongicide. « On est proche de 50 q/ha, estime Ughau Debreu. Malgré une forte pression pucerons, les gousses sont bien formées. Il y a un peu de mildiou et quelques tâches d’anthracnose, mais rien d’inquiétant ».

À quelques kilomètres de là, à Davenescourt, le potentiel est légérement plus faible. La parcelle, semée en direct autour du 10 mars avec un semoir Sky, présente des plantes plus petites et des zones mal levées. « On est sur un sol blanc argileux, en précédent maïs avec quelques zones de compactions », résume Ughau Debreu.

De son côté, Aymeric de Wazières confirme l'analyse en inspectant le sol dans une zone manquant de pieds : « Le précédent maïs a été récolté tard avec de la compaction, le type de terre joue également, ajoute l’expert. En fait, ce sont plein de petits paramètres qui font qu’on risque de passer à 30 q/ha ». Toutefois la pression bioagresseurs y est plus modérée que sur celle d’Hangest,  avec une seule application insecticide. La présence de coccinelles confirme que les auxiliaires sont à l’œuvre.

Une année 2025 plutôt favorable

Même si Aymeric de Wazières reste prudent sur les prévisions de rendement pour l’ensemble des planteurs, il ne cache pas son soulagement. « En raison de la météo, je m’attendais à pire il y a un mois, admet-il. Mais finalement, on s’en sort bien. Si nous atteignons 40 q/ha en moyenne, ce sera une bonne année ».

Le tonnage prévisionnel est estimé à 1150 t sur 280 ha. Le partenariat noué avec Noriap assure la collecte, le tri, le séchage et l’agréage. Pour 2025, 42 planteurs sont engagés, avec une légère baisse de surface, 6 d’entre eux sont rattachés à Étrépagny et 36 à Roye. L’année prochaine, la variété Synergie sera testée.

Pour éviter des pertes de fèves à la récolte, il faut viser le bon stade. « D’abord, observez les gousses », recommande Aymeric de Wazières, conseiller technique pour l’expérimentation féveroles. « Elle doit commencer à s’ouvrir mais les grains ne tombent pas encore, explique-t-il. La couleur brune n’entre pas en ligne de compte ». Toutefois, un échantillonnage est recommandé pour valider la maturité optimale.

Ughau Debreu qui pilote l’expérimentation pour Saint Louis Sucre apporte des précisions sur les conditions de récolte : « Ne pas récolter en pleine chaleur. Régler le batteur/contre-batteur à 14-15 mm et sans agressivité ».