Gestion des écumes : adapter les apports à la fréquence d’épandage

L’activité sucrière produit des écumes, résidus issus de l'extraction du sucre de la betterave. Ces écumes sont générées lors de l'utilisation de chaux pour séparer la partie sucrée des impuretés. Plus précisément, elles proviennent de l'épuration calco-carbonique des jus verts (jus sucrés de betteraves après diffusion). Ce processus implique l'action de pierres calcaires chauffées à très haute température et de dioxyde de carbone (CO₂), gaz résultant de la combustion nécessaire au chauffage des pierres.

Les impuretés (sels minéraux, composés organiques, azote…) alors captées par la chaux et filtrées sont ensuite mises dans des bassins pour décantation pendant cinq mois, afin de fournir un produit homogène et sec aux agriculteurs.

Une application ajustée recommandée

Cet amendement calcique, qui constitue un engrais de fond, est à appliquer après la moisson des blés et avant la culture de betterave. Il peut aussi être épandu dans les couverts avant les cultures de printemps, à l’exception du lin. « Historiquement fixé à 10 tonnes par hectare, le seuil recommandé évolue à la baisse dans le cadre de nos préconisations en agriculture régénératrice », explique Thomas Nuytten, directeur du service betteravier.

La quantité appliquée dépend alors du rythme des apports et des équilibres du sol :
- si l’application est ponctuelle et programmée tous les 4 ans, alors nous conseillons une quantité de 6 à 8 tonnes par hectare,
- si l’application concerne plutôt un entretien annuel ou bisannuel, 3 ou 4 tonnes par hectare suffisent.   
Toutefois, l’idéal est d’opter pour une stratégie d’application régulière.

Un apport de calcium important

Les écumes présentent un intérêt particulier pour corriger l’acidité des sols. En revanche, elles ne conviennent pas aux terres déjà très basiques. Bien que leur teneur en azote soit faible, elles offrent néanmoins une richesse notable en phosphore, en magnésium et surtout en calcium. Ce dernier peut représenter jusqu’à 20 % de la matière.

Plus spécifiquement, une tonne d’écumes contient en moyenne 100 kg de phosphore, 90 kg de magnésium et plus de 200 kg de calcium. « Dans les sols argileux, le calcium facilite la floculation de l’argile, rappelle Thomas Nuytten. Par conséquent, l’épandage des écumes permet de limiter la formation de la battance et d’assurer une meilleure circulation de l’eau. Ces co-produits améliorent la stabilité structurale des sols limoneux et évitent les acidités de surface. »

Sorties des bassins le 26 mai, les écumes sont disponibles cette année depuis début juin à Etrépagny et à Roye !