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Face au changement climatique, et à la hausse du cours des intrants, fertilisants en tête, Paul Robert, gérant de Novalis Terra se veut pragmatique : « Vous avez dans les mains une grande partie de la solution », a-t-il expliqué aux 75 agriculteurs, distributeurs et conseillers agricoles participant à la journée technique qui s’est tenue le 15 décembre, non loin de Goderville en Seine-Maritime. La solution est surtout sous les bottes, en utilisant le sol comme pilier de la transition agroécologique et de la durabilité de l’exploitation agricole.

 « Actuellement tout s’accélère, complète l’expert. Le retour aux fondamentaux de l’agronomie est incontournable pour accroitre la résilience des cultures et conserver la rentabilité des exploitations ». La première étape consiste à redonner vie aux sols : « Il faut améliorer la structure des sols, accroitre leur taux de matière organique pour retenir plus d’eau et sécuriser au maximum l’implantation des cultures. Ensuite on peut moduler les intrants ».

Journée technique du 15 décembre organisée près de Goderville (76) par Paul Robert de Novalis Terra à laquelle a participé le service agronomique de Saint Louis Sucre.
Journée technique du 15 décembre organisée près de Goderville (76) par Paul Robert de Novalis Terra à laquelle a participé le service agronomique de Saint Louis Sucre.

Jusqu’à 500 euros d’économie en engrais par ha

Avec les mélanges d’espèces en interculture, il obtient des résultats très positifs en rotation betteravière et plus globalement pour les cultures industrielles. « Dans le contexte haussier des cours des engrais, un couvert végétal tel que nous l’avons diversifié sur la ferme agroécologique d’Étrépagny (en accroissant la biomasse), apporte pour la culture suivante : 40 unités d’azote, 40 unités de phosphore et 200 de potasse. » Ce NPK 100 % origine Étrépagny représente au cours actuel des engrais une économie de 500 euros par hectare ! 
 

Transition financée par les crédits carbone

Néanmoins, l’installation d’une telle usine à carbone organique et nutriments nécessite d’expérimenter, de trouver le bon itinéraire et le mélange variétal adapté au type de sol. Le travail du sol est aussi à repenser, sans dogmatisme. « On ne doit rien s’interdire, prévient-il. Si pour des raisons de désherbage, il faut labourer, alors la charrue tient son rôle.» La prise de risque lui semble aussi inévitable : « Si on réoriente le système vers plus d’agronomie, plus de matière organique, moins d’intrants, cette transition doit être financée grâce aux crédits carbone obtenus. C’est la première utilité du label bas carbone. »
De grandes lignes directrices sont toutefois applicables pour chaque exploitation agricole. Dès la récolte du blé, il recommande de semer un mélange d’espèces pour le couvert d’interculture. La gestion de la culture intermédiaire dépend ensuite de la texture des sols. Ainsi en sol limoneux profond, comme c’est le cas à la ferme agroécologique d’Étrépagny, ou sablo-limoneux, il conseille de ne pas le travailler en entrée d’hiver et de détruire le couvert végétal à la floraison. La destruction est réalisée par roulage, idéalement sur les plantes gelées, ou par broyage avec un rouleau à couteaux ou un broyeur. Un travail superficiel à 10-15 cm avec un outil à dents est effectué avant le semis de betteraves au printemps.

En terre argileuse, le couvert est détruit mécaniquement avant l’hiver. Dans la foulée, le sol est ouvert avec un outil à dents ou à disques afin de favoriser les actions de gel et de dégel. Les feuillets d’argile vont s’affiner pour une meilleure implantation de la betterave.