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La cercosporiose reste la maladie la plus dommageable sur betterave. Le pathogène enchaîne ses cycles dès que les conditions estivales lui sont favorables, parfois jusqu’à la mi-octobre. 

Pour Pierre-Henry Buleux, inspecteur de culture : « Pour empêcher les contaminations, mieux vaut maîtriser les fondamentaux, commencer par les mesures préventives, puis bien positionner les fongicides pour qu’ils expriment tout leur potentiel d’efficacité. »

Les mesures préventives contre la cercosporiose

L’inoculum de Cercospora beticola peut se conserver au moins trois ans dans le sol ou dans les cordons de déterrage.

- Allonger la rotation
Pour réduire ce stock d’inoculum, la rotation doit s’étendre sur cinq ans. « En dessous, on prend le risque de voir réapparaître la maladie », prévient Pierre-Henry Buleux. Les foyers peuvent d’ailleurs repartir autour des cordons de terre ou des zones de silo, là où subsistent les résidus du précédent chantier. D’où la nécessité de surveiller ces secteurs les années suivantes.

- Choisir les bonnes variétés
Les premières variétés de betteraves dites « très tolérantes à la cercosporiose » reposent sur l’introduction par hybridation d’un gène de résistance majeur. C’est une tolérance qu’on appelle « tolérance monogénique ».  

Certaines de ces variétés présentent aujourd’hui des signes de contournement par de nouvelles souches de cercosporiose qui sont résistantes au caractère monogénique de ces variétés.

C'est précisément cette simplicité génétique qui rend la variété performante à court terme, mais fragile face à l'évolution du champignon pathogène, contrairement aux nouvelles résistances multigéniques qui sont plus complexes à contourner pour le champignon.

Dans votre choix variétal, une règle simple s’impose : privilégier les betteraves très tolérantes avec une construction multigénique de la variété pour les enlèvements tardifs (tours 3 et 4), plus exposés à une forte pression de la maladie. N’hésitez pas à nous en parler lors de notre rencontre pour les commandes de graines de betteraves 2026.

Protection fongicide : être attentif et réactif aux alertes SMS "SLS AGRO"

En protection phytosanitaire, le positionnement prime sur le nombre de passages. Trois ou deux interventions peuvent fonctionner si elles sont bien calées.

Dès fin-juin, Pierre-Henry Buleux recommande de suivre les alertes des OAD du service agronomique de Saint Louis Sucre. Le pilotage des OAD de déclenchement des traitements fongicides contre la cercosporiose et le suivi de l’évolution de la maladie dans les parcelles des bassins de production picards et normands sont très stricts chez Saint Louis Sucre. Lorsque le service agronomique de Saint Louis Sucre lance une alerte par SMS cela signifie que le seuil de déclenchement du premier traitement fongicide est arrivé. Il est donc important de traiter dans les plus brefs délais (sous 24h si les conditions météorologiques le permettent).

Pour le T1, il est indispensable de bloquer le début de la contamination. Ensuite, la cadence s’adapte à la météo : la cercosporiose progresse quand la chaleur et l’humidité se combinent. 

En été sec et chaud, le deuxième passage peut être espacé jusqu’à trois semaines, voire un mois si la pression reste faible.
À l’inverse, lorsque les pluies reviennent tous les trois jours, il faut resserrer autour de 15 jours les interventions. « La moisson vient parfois perturber cette vigilance », observe-t-il.

La situation des parcelles doit aussi être prise en compte. Celles qui se trouvent en fond de vallée ou en bordure de bois conservent davantage d’humidité, ce qui accélère le développement de la maladie. De l’hétérogénéité impose donc une vigilance renforcée, parcelle par parcelle.

Enfin, pour préserver l’efficacité des fongicides face au risque de résistance des souches de cercosporiose, l’alternance des modes d’action reste une règle incontournable.