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Lors du colloque FoodTech, organisé le 2 octobre à Nantes, Sylvain Zaffaroni, co-fondateur du média Pour Nourrir Demain, animait une table ronde sur l’intelligence artificielle.
Autour de lui, trois entreprises agroalimentaires ont témoigné de la transformation de leur métier : Saint Louis Sucre, la coopérative Arterris et Tipiak.  

Des robots dans les champs

Chez Saint Louis Sucre, l’IA est l’un des outils mobilisés pour accompagner la transition agroécologique de la culture de la betterave. 
Dans ce cadre, l’entreprise s’appuie sur son programme d’essais Mont Blanc. Elle propose d'expérimenter aux champs, les innovations en matériels et équipements.
« Nous testons des robots de désherbage comme FarmDroid ou prochainement Ecorobotix, explique Ughau Debreu, responsable de la durabilité agricole. Le premier localise chaque graine pour ensuite désherber entre les plants. Le second identifie les adventices grâce à l’IA et ajuste les doses de produit. Ces outils permettent de réduire jusqu’à 95 % l’usage d’herbicides. Ainsi, nous passons d’un traitement uniforme à une approche ciblée, pilotée par la donnée. »

Saint Louis Sucre s’appuie aussi sur l’IA pour affiner le conseil technique. Des start-up partenaires comme Kermap et MyEasyFarm analysent les parcelles de betteraves cartographiées par satellite et automatisent les relevés. « L’IA ne remplace pas le conseiller, mais elle augmente sa précision et son efficacité », ajoute-t-il.

L’IA aide à la prise de décision, soutient la créativité et libère du temps.

Gagner du temps et innover plus vite

Dans d’autres secteurs de l’agroalimentaire, l’IA devient aussi un outil de productivité et d’innovation.
Ainsi, Arterris automatise la veille et les publications commerciales. Par conséquent, les informations circulent plus vite et restent homogènes sur tous les canaux de diffusion.
Quant à Tipiak, une entreprise agroalimentaire, elle utilise l’IA pour concevoir en quelques minutes un produit, son emballage et la communication associée. Cette approche réduit considérablement les délais de développement.

Dans le monde agricole, l’adoption se fait naturellement. « Les agriculteurs ne se rendent pas toujours compte qu’ils utilisent l’IA, observe Ughau Debreu. Ce qu’ils perçoivent, c’est surtout le gain de temps et la précision que cela apporte dans leur travail. » En revanche, Ughau Debreu observe une réticence vis-à-vis des outils trop impersonnels : « Nous avons réfléchi à tester un « chatbot* » pour recueillir les données de suivi des parcelles, mais les agriculteurs n’ont pas adhéré au concept. Ils ne veulent pas être appelés par une machine ; ils préfèrent garder un contact humain dans leurs échanges. » 

Ughau Debreu, responsable de la durabilité chez Saint Louis Sucre, explique les utilisations de l’IA par l’entreprise : « Elle sert notamment à affiner le conseil technique aux planteurs ».

Encadrer les usages de l’IA

Les participants à la table ronde ont également souligné l’importance de la sécurité des données. Des structures mettent en place des chartes d’utilisation pour encadrer les pratiques et prévenir les fuites d’informations. L’enjeu n’est pas d’interdire mais de former, afin de créer une culture numérique commune. Enfin, ils soulignent que la réglementation européenne en construction imposera bientôt plus de transparence sur les données collectées et sur les algorithmes utilisés.

Tous les intervenants partagent la même vision : l’IA ne remplace pas les métiers, elle les transforme. « L’IA reste un outil, conclut Ughau Debreu. Ce qui fait la différence, c’est la manière dont on l’utilise pour mieux produire. »

*Chatbot : aussi nommé dialogueur ou agent conversationnel, un chatbot est un agent logiciel conçu pour interagir avec des utilisateurs par des échanges textuels ou vocaux.